Existe-t-il un lien entre musique et narration ?
Une expérimentation a été réalisée dans une école maternelle pour tester l’impact de l’écoute musicale sur la production écrite : 26 élèves, entre 5 et 6 ans, un âge où les enfants sont encore dans la curiosité vis-à-vis de l’écrit et leurs histoires. Pour être narrées - ou dictées à une adulte – les histoires nécessitent une phase antécédente de structuration, notamment par le dessin.
Selon cette expérience, le travail d’écoute musicale permet d’enrichir à la fois la production écrite et l’imaginaire des élèves.
Plusieurs étapes préalables facilitent la mise en situation : pour favoriser une écoute musicale "active", on utilise des exercices d’expression corporelle ou gestuelle, pour que les enfants se concentrent sur ce que la musique leur fait ressentir; des recherches montreraient que le premier indicateur de tristesse ou de joie, dans une musique, est le tempo… alors que les connotations émotionnelles des tonalités majeures ou mineures varieraient en fonction des cultures. On utilise également l’association image-musique, comme - par exemple – l’exercice de choisir une image de lieu pour situer une musique.
Les résultats
L’écoute musicale semble favoriser la complexité du récit, mesurée sur la base de critères comme : la longueur du récit, avec une moyenne de 4-6 phrases et l'apparition de récits plus longs, le nombre de personnages (augmentation de 148%), avec l'apparition de "noms" ou le nombre de lieux cités.
Sur le plan de l’imaginaire, les conclusions sont moins tangibles, même si on constate plus d’histoires mélangeant imaginaire et éléments issus d’albums ou de bandes-dessinées et, dans la prolifération de personnages déjà signalée, les créatures fantastiques et les animaux imaginaires font leur apparition.
Les limites sont les pistes indiquées pour poursuivre l’expérience : augmenter l’échantillon étudié, comparer le groupe expérimental à un groupe témoin n’ayant pas réalisé de travail d’écoute musicale ou étudier les résultants en variant davantage le choix musical.
On comprend aussi très facilement le potentiel lié à la reproduction de cette expérience, en termes de créativité, de compétences émotionnelles ou d'apprentissages, en donnant une place peut-être plus importante à l’écoute de la musique au sein de l'école.
Illustration : Dev WR via Foter.com
Référence
T. Giansetto. Musique et production d’écrit en cycle 1 : développer l’imaginaire à travers l’écoute musicale. Education. 2016. (Dernière consultation : juin 2017)
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01427760
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