Une définition
Pour le cabinet Percolab
« La techno-pédagogie est le domaine qui réunit technologies et pédagogie comme un ensemble de potentiels, au service de la transformation des modalités et des processus d’apprentissage des individus et des organisations.
Au cœur de ces préoccupations et de ces démarches, s’inscrit une conversation nuancée sur les liens étroits et complexes entre d’une part, l’usage et les possibilités des technologies et, d’autre part, les différents modèles mentaux et les besoins identifiés des systèmes dans lesquels la technologie doit opérer. »
Cette définition s’efforce de réunir pédagogie et technologie informatique, alors que, dans les logiques industrielles et de services classiques, les organisations s’efforcent de séparer les grandes fonctions pour mieux les ordonnancer et les contrôler. Ce croisement de savoirs qui semblent diverger quant au mode de fonctionnement cérébraux, on prête en effet :
- aux informaticiens des raisonnements logiques, une technicité sur des ordinateurs et le maniement de logiciels ainsi que de la rigueur et une capacité à respecter des protocoles et des processus et
- aux pédagogues des raisonnements centrés sur les humains, leurs désirs, leurs émotions et leurs expériences concrètes, une vision de processus organique et une capacité de s’adapter aux situations pédagogiques.
Quels seraient les enjeux de réunion ou d’hybridation de ces deux états ou tournures d’esprit (« mindsets ») ? Existe-t-il un ensemble de compétences ? Comment développer cet état d’esprit et les compétences associées ?
Des enjeux d’un néologisme
Ce néologisme rend compte du fait que la technologique s’invite dans les espaces d’apprentissage et questionne tant les façons d’apprendre que d’enseigner. Le mot renverrait à une dynamique sociale de transformation des pratiques éducatives considérées comme répondant au désir des enseignants de mieux exercer leur métier et au pire comme un gadget qui dessert l’apprentissage voire laisse penser qu’une pédagogique plus ludique pourrait bénéficier aux acquisitions et à l’amélioration de la rétention d’information. La peur d’être déqualifié ou de ne pas maîtriser la technologie en fait un objet de crispation pour les pédagogues qui affirment qu’un outil ne saurait dicter leurs comportements.
Les métiers de l’enseignement et de la formation connaissent un champ lexical élargi, alors pourquoi inventer de nouveaux termes quand « ingénieur pédagogique », ou « conseiller en formation », voire « formateur » suffisent ?
L’adjonction d’une technologie justifie-t-elle un nouveau mot ? A-t-on dans le passé associé étroitement les moyens techniques d’enseignement avec les dépositaires de la fonction ? A suivre ce raisonnement devrait-on inventer des termes tels que « Power-pointer » pour désigner les pédagogues experts ou bien encore « livrogogue» pour ceux qui utilisent des livres ou encore « cartopédagogues », pour ceux qui préfèrent des illustrations et des planisphères ?
Il existe bien un risque de limiter un ensemble professionnel à ses outils. Un géomètre ne saurait être réduit à son compas, ni à la géométrie, alors qu’est ce qui justifie une telle invention ? Peut-être que le référentiel de compétence est touché en profondeur et oblige à une hybridation de compétence que seul un nouveau terme forgé de neuf peut restituer.
Métiers et descriptif de compétences
Une recherche en ligne montre que l’intégration des compétences par l’usage du terme est particulièrement revendiquée dans l’espace francophone québécois, mais aussi Suisse. Les emplois et les intitulés de fonction y font plus couramment recette que dans l’espace francophone français.
Ces compétences sont :
- enseignement de l’informatique et des techniques de l’information et de la communication;
- production de ressources pédagogiques numériques et multimédias pour l’enseignement;
- innovation et créativité au service d’un enseignement de qualité avec les technologies de l’information et de la communication;
- administration des systèmes d’information de l’éducation;
- management des projets d’intégration des technologies de l’information.
Ces macro-compétences ne réduisent certainement pas toutes les déclinaisons de la technopédagogie. En effet, les situations en salle avec des tableaux ou vidéoprojecteurs interactifs, les usages de tablettes numériques, de robots-éducatifs, de lunettes de réalité virtuelle, ou de situation à distance avec la maîtrise d’une variété de plateforme, logiciels ou collecticiels, montrent qu’il y a bien là un métier d’intégrateur de technologie en gestation.
Dans ces cas la technologie est plus qu’un outil au service de la pédagogie, mais c’est un vecteur de changement et un opérateur de collaboration sans commune mesure avec un livre-papier, dont la manipulation reste le fait d’individus isolés sans interaction ou connexion immédiate.
Les offres d’emplois déroutent peut être les informaticiens dont quelques-uns peuvent être piqués de pédagogie mais réfréner leurs envies par peur de manque de légitimité, ou bien les pédagogues qui laissent la technologie informatique au rang d’outils et non à celui d’opérateur de changement.
Exemple d’offres d’emplois :
C’est pourquoi en dehors d’espaces ayant fait un travail en profondeur de croisement des compétences, comme de grandes universités canadiennes, l’expression reste encore une curiosité en francophonie.
Illustration : Stux - Pixabay
Sources :
Percolab http://www.percolab.com
La technopédagogie – Innovation et éducation - http://innovationseducation.ca/la-technopedagogie/
Facebook le technopédagogue https://www.facebook.com/letechnopedagogue/
E-teach - Le métier de technopédagogue expliqué aux étudiants en sciences de l’éducation http://www.e-teach.ch/blog/le-metier-de-technopedagogue-explique-aux-etudiants-en-science-de-leducation-e-teach-present-au-forum-fpse-le-21-avril-2015/
Voir plus d'articles de cet auteur