Ce que les PechaKucha de Ludovia nous apprennent sur l'attention

Ludovia est un rendez-vous annuel, qui réunit plusieurs centaines d'enseignants en France autour du numérique et de la pédagogie. Cette année, le thème qui les a réunit en Ariège, s'intitulait "Présence, Attention et engagement en classe avec le numérique". Beaucoup d'activités et d'occasions de rencontre sont organisées, et notamment une série de PechaKucha.

PechaKucha ? 20 diapos, 20 secondes par diapo, soit 400 secondes ou encore six minutes et quarante secondes. C'est le défi que se sont imposés quelques intervenants de Ludovia 2016 pour nous parler de leur pratique d'enseignant en lien avec l'attention. Quelques minutes très concentrées qui pourraient nous inspirer pour quelques semaines, voire plus !

Nous vous proposons de découvrir trois de ces PechaKucha, et bien entendu de visionner les autres selon votre appétit. Elles nous montrent que le concept d'attention flirte avec celui de motivation ou de concentration.

Caroline Jouneau-Sion : plutôt que du brocoli au chocolat, des situations d'apprentissage qui stimulent l'attention !

Caroline Jouneau-Sion est enseignante en histoire-géographie dans le Rhône. Elle rejette l'idée que le numérique est une solution en soi pour garder l'attention et permettre une présence plus importante des élèves en cours. Penser qu'une couche de technologie peut tout résoudre, c'est mettre du chocolat sur du brocoli, pour reprendre une expression qui a cours chez les game designers.

Selon elle, il faut avant tout réfléchir à la situation d'apprentissage. Elle doit mettre l'apprenant en activité, le relier à ses pairs, à des experts, à d'autres classes, voire aux parents. Elle lui permet de produire quelque chose qui a du sens.

On pense immédiatement à Célestin Freinet, mais Caroline nous explique que ce qu'il faisait avec l'imprimerie peut être multiplié par les outils numériques. La recherche d'information, la production, le partage, la communication sont favorisés par Internet. L'apprentissage peut plus que jamais se faire "hors les murs" comme elle le montre sur la jolie illustration de sa vingtième diapo.

François Jourde : l'écologie de la co-attention

François Jourde appuie sa courte présentation sur de nombreuses références. Ainsi, Clive Thompson, dans son livre Smarter than you think nous livre trois tendances. La mémoire des machines semble infinie, nous sommes connectés en permanence à d'autres personnes, et nous publions l'équivalent de 36 millions d'ouvrages chaque année !

Pour François Jourde, le métier d'enseignant en est modifié. Travailler sur la connaissance ne suffit plus. Il faut développer le savoir, le sens critique, la capacité à mettre les éléments en relation. La mémoire ? Plutôt la préhension, la capacité de s'approprier les connaissance, la curiosité, la volonté d'aller au-delà de ce qu'on nous propose. Et enfin, l'éducation doit favoriser les échanges et la communication.

Dans cet environnement où il y a pléthore de messages, la concurrence est rude pour éveiller notre intérêt. L'attention est la nouvelle richesse. Les éditeurs de sites, les plateformes de réseaux et les commerce en ligne l'ont bien compris... François Jourde appuie sa réflexion sur Yves Citton, l'auteur de Pour une écologie de l'attention. La salle de classe doit justement devenir un espace qui favorise l'attention.

François Jourde nous encourage à développer la co-attention. Nous sommes attentifs avec les autres. Nous sommes attentifs à ce qui semble attirer leur intérêt. Nous nous concentrons quand nous essayons de gagner leur attention... La co-attention s'appuie sur une éthique : pas d'attention sans réciprocité, Pas d'attention non plus sans ajustement permanent, sans capacité de se laisser surprendre, de découvrir ce qu'on n'attendait pas, et de laisser venir la sérendipité.

Pour les dernières secondes qui lui restent, François Jourde revient sur l'énorme quantité d'informations publiées sur les réseaux. Désormais, nous ne pensons plus seuls. Les élèves doivent être encouragés à publier, à échanger, à collaborer.

Laurence Juin : être attentif aux élèves

Laurence Juin aime le risque. Elle n'a que six minutes et quarante secondes. Et pourtant, elle nous raconte ses vacances, et même son arrivée à Ludovia et les activités de la veille. C'est que Laurence Juin a procrastiné. Enseignante dans un lycée professionnelle, la voilà dans le rôle de la mauvaise élève, celle qui aura bientôt à rougir d'un travail bâclé, voire même pas commencé !

Et il vous faudra rester attentif trois minutes pour comprendre où elle nous emmène. Car c'est l'attention et l'intérêt qu'un groupe va lui porter qui va l'aider à sortir quelques idées... et à réfléchir sur sa pratique. Sommes-nous attentifs à autre chose qu'aux résultats ? Que savons-nous réellement de nos élèves, de ce qu'ils ont réellement appris, éventuellement en dehors des murs du lycée.

Laurence Juin utilise l'image de l'iceberg, que l'illustrateur capricieux a remplacé par un sous-marin. Elle nous donne quelques éléments de compréhension de ce que peut être un environnement attentif, qui encourage donc la réussite.

Illustrations : Frédéric Duriez

Ressources

Ludovia - Programme de la session #13 de 2016 
http://ludovia.org/2016/contacts/programme-2016-les-grands-principes/

François Jourde - PechaKucha à l'occasion de Ludovia 13 - septembre 2016
https://youtu.be/yeT2WZV_JVY

Caroline Jouneau-Sion PechaKucha à l'occasion de Ludovia 13 - septembre 2016
https://youtu.be/Xtv1X99dwTs

Laurence Juin PechaKucha à l'occasion de Ludovia 13 - septembre 2016 - https://youtu.be/YdgzGRWsbQU

Ajouter à mes listes de lecture