Raconter des histoires. Le premier acte culturel qu’a fait l’homme des cavernes alors que le plus éloquent narrait au reste du groupe la dernière chasse au mammouth. Bien sûr, il en rajoutait un peu. Conséquemment, il créait un mythe qui, selon sa qualité, se partagerait au fil du temps afin de s’incruster dans la culture. Avec l’avènement de l’écriture, les conteurs pouvaient fixer quasi indéfiniment leurs histoires, les rendant immortelles.
Depuis, que ce soit par le théâtre, le cinéma ou même la télévision qui reprend ses lettres de noblesse depuis le milieu de la décennie 2000 tant aux États-Unis qu’en France, il y a une panoplie de plateformes pour raconter des histoires. D’autant plus que le Web s’ajoute, les webséries se dévorant comme des bonbons par les internautes. Bref, le métier de conteur a bien changé avec le temps.
Un métier qui a changé
Il suffit de voir ce portrait de scénaristes de télévision française fait par le Téléobs pour se rendre compte que la profession a changé. En France, contrairement aux États-Unis et aux pays scandinaves, le métier de scénariste-créateur de séries n’existe pas. Toutefois, les scénaristes y travaillent en équipe pour créer leur arc scénaristique. Et il n’y a pas de parcours scolaire unique. Certains sont allés étudier dans une école spécialisée et d’autres ont appris leur métier en autodidacte.
Il faut aussi dire que la place du scénariste est particulière parce que dans certains cas, les auteurs sont reconnus en qualité d’auteur sans avoir à mettre en scène leurs textes. Par exemple, le théâtre et la télévision font la part belle aux auteurs. Pourtant, dans le milieu cinématographique français, les scénaristes qui ne réalisent pas sont mal vus. Même au Québec, le sujet suscite des débats.
Dans l’Hexagone, la situation est encore plus préoccupante puisque conséquemment, les scénaristes qui ne veulent que proposer des scénarios ont beaucoup plus de peine auprès des bailleurs de fonds. Ils doivent donc accepter des contrats alimentaires pour pouvoir se permettre de rédiger en dilettante un long-métrage. Au point où un organisme appelé « La scénaristerie » travaille à promouvoir un modèle plus anglo-saxon. Après tout, Steven Spielberg n’a jamais écrit aucun de ses films et pourtant, il est analysé par tous les cinéphiles selon la « politique des auteurs ».
Se nourrir de conseils
Mais pour être scénariste, il faut encore que celui-ci sache comment rédiger des histoires qui seront montrées au public. Nous vous avions déjà parlé de la technique Pixar. Le studio d’animation appartenant à Disney ayant réussi des tours de force au niveau scénaristique, il y a de quoi suivre leurs exemples.
Le blogue ScénarMag offre plus de 400 articles sur la scénarisation. Le blogue offre entre autres des textes sur la vision d’auteurs ayant écrit sur les méthodes pour raconter une histoire. Le site propose aussi des billets de réflexion sur les personnages, les styles de récits, la structure, les scènes ou les dialogues. Il y a donc beaucoup d’éléments à lire pour les scénaristes en herbe ou confirmés en quête de conseils.
Depuis 6 ans, la réalisatrice et auteure Nathalie Lenoir propose sur son blogue Scénario-Buzz des articles donnant des recommandations pour écrire, bien sûr. Toutefois, la blogueuse s’intéresse aussi à la vie des auteurs dont leurs bureaux, leurs joies et frustrations, leurs blocages, etc. Son point de vue est intéressant puisqu’elle pratique elle-même ce métier depuis des années. Un incontournable donc pour les écrivains en herbe ou confirmés ou simplement ceux qui sont curieux de ces drôles de bêtes qui nous fournissent pourtant la majorité du divertissement que nous consommons. Ou même des formations et des simulations comme nous vous l’avons déjà montré.
Il y a bien sûr aussi des ateliers pour les jeunes et moins jeunes, des gratuits aux payants qui permettent de les éclairer sur leurs talents d’écriture. Mais au bout du compte, comme l’affirmera cet auteur québécois de télésérie, un bon scénariste aura été un enfant qui aura été en contact tôt avec la culture sous toutes ses formes. Musées, littérature, spectacles de danse, théâtre, cinéma; un système d’éducation idéal donnerait un bain de culture qui non seulement résulterait en une connaissance générale accrue, mais en désir de création chez certains. Or, quand les budgets scolaires sont coupés, ce sont ces activités qui passent à la trappe en premier. Peut-être est-il temps de considérer l’éducation culturelle comme aussi importante que celle des langues ou des mathématiques? Il en va, après tout, de la qualité des histoires qui nous seront présentées dans les prochaines années…
Illustration : Joe in DC via Foter.com / CC BY-ND
Références
"Auteurs En Herbe." Théâtre Aux Écuries. Consulté le 16 juin 2016. http://auxecuries.com/auteurs-en-herbe/.
Baillargeon, Stéphane. "L’éducation Culturelle, Ce Service Essentiel." Le Devoir. Dernière mise à jour : 13 juin 2016. http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/473249/l-education-culturelle-ce-service-essentiel
De Bodman, Flore. "Séries : La Jeune Garde Des Scénaristes." Teleobs. Dernière mise à jour : 21 novembre 2015. http://teleobs.nouvelobs.com/actualites/20151119.OBS9803/series-la-jeune-garde-des-scenaristes.html
La Scénaristerie. Consulté le 16 juin 2016. http://www.scenaristerie.com/
Lamontagne, Denys. "Écrire Une Bonne Histoire : Les Règles Des Professionnels De Pixar." Thot Cursus. Dernière mise à jour : 22 novembre 2013. http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/21017/ecrire-une-bonne-histoire-les-regles
SCENAR Mag. Consulté le 16 juin 2016. http://www.scenarmag.fr/
Scénario-Buzz. Consulté le 16 juin 2016. http://www.scenario-buzz.com/
Vallée, Manon. "Le Scénariste Qui Ne Réalise Pas : Persona Non Grata Au Cinéma?" Sartec — Société Des Auteurs De Radio, Télévision Et Cinéma. Dernière mise à jour : 19 décembre 2015. http://www.sartec.qc.ca/nouvelles/238/
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