Les flux des financements internationaux en éducation sont un périmètre difficile à cerner dans leur globalité, avec de multiples zones d'ombre.
Il est rare de réussir à avoir une vision claire et précise de qui finance, qui bénéficie... et encore moins des structures qui remportent les contrats et des effets des actions financées.
Pourtant, la transparence de l'aide au développement est bien inscrite dans la feuille de route internationale depuis quelques années..
Des initiatives concrètes permettent d'y voir plus clair.
Des normes standardisées
Plusieurs standards ont été créés pour faciliter l’échange et la lecture agrégée des données de coopération.
L'International Aid Transparency Initiative (IATI) propose des normes pour l'ouverture et la publication des données relatives aux financements internationaux et aux projets mis en œuvre. 350 structures ont adhéré, à ce jour, à l’initiative. En 2015 les données harmonisées IATI représentaient un flux de 78 milliards de dollars et 40% des informations étaient actualisées sur une fréquence mensuelle … ce qui représente une avancée majeure, en termes de temporalité de l’information !
Autre nouveauté d’envergure : depuis 2015, l’IATI s’est rapprochée d'une deuxième initiative de normalisation, l'Open Contracting, qui traite des attributions des contrats dans le cadre des marchés publics : un montant annuel d’environ 9 500 milliards de dollars, 15% de l’économie globale mondiale. Un enjeu de taille.
Les Open Contracting Data Standards sont des normes de publication, pour que les contrats puissent être comparés, agrégés et, à terme, reliés aux projets et financements en amont. Un exemple dans le secteur de la construction : Construction Sector Transparency, à l’initiative de l'agence britannique DFID et de la Banque mondiale.
Des données ouvertes
Pour mesurer le degré de transparence de l’aide, à l’échelle mondiale, Publish What You Fund publie un Index sur la Transparence de l’Aide (ITA) pour 68 des principales institutions et agences d’aide. Parmi les bons élèves : PNUD, Banque mondiale, quelques agences bilatérales (DFID, SIDA etc.).
De nombreux sites institutionnels ont vu le jour pour mieux communiquer les flux de financement des principaux donateurs et les projets mis en œuvre. En guise d’exemples (la liste est longue), il y a les plateformes de :
bailleurs : portail de transparence de l’aide de l’UNESCO, de l’UNICEF etc.
Certains sites permettent une vision d’ensemble du secteur éducation:
La recherche dans les données IATI, par exemple, présente tous les projets en cours…. à condition d’explorer les nombreuses sous-catégories, en éducation, pour avoir un regard général sur le secteur !
Une alternative plus ergonomique est la plateforme Aid Data. La couverture est inférieure (90 organisations – les principales - au lieu de 350), mais c’est un bon point de départ, avec l’avantage non négligeable d’inclure les données des donneurs « émergents », comme la Chine et l’Arabie Saoudite, qui n’ont pas encore adhéré à l’initiative IATI.
(Source: Aid Data, tous niveaux d'enseignement, depuis 2010)
Et les bénéficiaires?
L’accès croissant à toutes ces données ne résout pas entièrement un dilemme de l’aide au développement : l’asymétrie d'information entre financeurs et bénéficiaires.
On peut y pallier par des actions de renforcement statistique comme Paris 21 ou le travail sur les comptes nationaux en éducation de l'Institut de statistique (ISU) et l'Institut international de planification en éducation (IIPE) de l’UNESCO.... Mais on ne connaîtra pas toujours la réalité sur le terrain.
Ce phénomène est décrit comme une césure dans la boucle de rétroaction (« broken feedback loop »).
La participation citoyenne peut être une réponse. On peut citer, par exemple, les initiatives de cartographie participative.
Map Kibera, au Kenya, collecte et met à disposition des données géolocalisées pour les infrastructures publiques (écoles, routes etc.). Il y a aussi du "fait par soi-même", le kit du parfait cartographe imaginé par le Public Laboratory for Open Technology and Science (PLOTS) : appareil photo, hélium pour gonfler le ballon, bobine de fil et logiciel pour créer des cartes etc..
Vous y découvrirez des initiatives comme "Check my school", en Indonésie, qui permet aux citoyens d’accéder aux données ministérielles disponibles sur chaque école et signaler les divergences avec la réalité, en temps réel.... Ou le programme OnTrack, expérimenté sur quelques projets de la Banque mondiale. Pour que les vrais bénéficiaires puissent réagir pendant la mise en œuvre d'un projet…. Et non à la fin !
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