Publié le 19 juin 2008 Mis à jour le 19 juin 2008
En bon français, un « Digital Native », c’est un « natif numérique », c’est à dire une personne qui est née à la même époque que les applications numériques grand public et l’Internet. Concrètement, on peut qualifier de « Digital Natives » les jeunes qui sont nés dans les années 90 et après.
L’expression est à la mode. L’arrivée des Digital Natives dans les entreprises est vécue tour à tour comme un genre de tsunami, qui va reléguer tous les tenants des dossiers papiers, des crayons, de la réunion hebdomadaire en face à face, de la hiérarchie rigide au plus profond des ténèbres de l’archaïsme, ou au contraire comme une onde de lumière bienfaisante, qui permettra enfin aux entreprises d’entrer dans le cybermonde.
Il y a beaucoup d’exagération et de marketing dans tout cela, mais il serait pourtant vain de se voiler la face et de penser que les organisations pourront faire l’économie d’un examen attentif des pratiques estampillées « 2.0 », dont les Digital Natives sont les ambassadeurs spontanés.
Pour traiter de cette question, un barcamp a été organisé à l’Ecole supérieure de commerce de Lille le 24 mai dernier. Rappelons qu’un barcamp est une anti-conférence, et que tous les inscrits y sont acteurs, soit en y présentant une contribution, soit en aidant un autre contributeur (pour plus de détails sur le barcamp, voyez la définition qu’en donne Wikipedia). Plus de 150 personnes ont participé à ce rassemblement qui a eu un large retentissement, comme en témoignent les articles publiés dans les jours suivants, dont on trouvera les références sur le wiki lié à l’événement.
Louis Naugès a participé au barcamp de Lille. Son cabinet, appelé Revevol (contraction de « révolution et « évolution ») accompagne les dirigeants d’entreprises dans l’adoption d’outils numériques largement utilisés par le grand public, mais singulièrement absents d’une majorité d’organisations de travail.
L. Naugès a présenté, avec beaucoup d’enthousiasme et un brin de provocation, l’ampleur de la mutation que doivent affronter les entreprises aujourd’hui, notamment en adoptant les applications en ligne plutôt que sur machines, le travail collaboratif plutôt que le travail solitaire, la recherche des dossiers dans un espace de stockage numérique plutôt que leur classement sur des kilomètres de rayonnages au troisième sous-sol. Il constate malheureusement que nombre d’entreprises ne sont absolument pas prêtes à collaborer avec les Digital Natives. Naugès épingle par exemple les entreprises qui interdisent encore à leurs employés d’installer un navigateur web sur leur poste informatique, tout comme, 40 ans auparavant, elles interdisaient les appels téléphoniques externes à tous ceux qui n’avaient pas le statut de cadre Les usages sont donc largement en retard sur les outils.
Les arguments développés par L. Naugès conduiront tous les lecteurs de Thot à ce constat : il se passe la même chose dans le monde éducatif que dans les entreprises A une différence près, de taille : les Digital Natives sont
déjà
dans nos écoles et nos universités, ils sont arrivés avec leurs SMS, leur goût du travail de groupe, leur perception très particulière de l’espace et du temps façonnée par la toile mondiale. Si les entreprises sont « en retard » vis-à-vis de ces jeunes générations, que dire alors de la majorité de nos établissements scolaires ? Je vous laisse tirer vos conclusions vous-mêmes.Digital Natives : Acteurs du changement . Intervention de Louis Naugès au barcamp de Lille, 24 mai 2008 (vidéo)
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