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Publié le 22 février 2016 Mis à jour le 22 février 2016

Décrypter les langues anciennes

Le sumérien, les hiéroglyphes, les codex mayas, les quipus… tous ces mots vous parlent-ils ?

Le cunéiforme

Le sumérien, les hiéroglyphes, les codex mayas, les quipus… tous ces mots vous parlent-ils ? Ce sont des systèmes linguistiques anciens, plus précisément des sortes d’alphabets ancestraux qui ont toujours fasciné l’Homme par leur complexité. Certains d’entre eux sont complètement déchiffrés, d’autres en partie, d’autres demeurent encore des mystères absolus qui ne demandent qu’à être élucidés.  

Un peu d’histoire…

Savez-vous que les premières formes d’écriture remontent à plus de 5.000 ans ? Plus précisément au IVe millénaire avant J-C. au cœur de la Mésopotamie (aujourd’hui, l’Irak). À ses débuts, la finalité d’écriture n’était pas vraiment la nôtre puisque l’objectif de ce « nouveau » système était simplement de répertorier et d’organiser les stocks, un peu à l’instar d’une gestion comptable. La paléographie (étude des écritures anciennes) a permis de révéler la présence d’au moins 5.500 tablettes à Uruk, Suse, Kish ou Ur, pour ne citer que ces quelques lieux mythiques babyloniens. Ces tablettes administratives représentaient davantage un alphabet sous la forme de dessins et de signes, les lettres alphabétiques, telles que nous les connaissons aujourd’hui, n’étaient pas encore présentes.

La Pierre de Rosette

Retracer tout l’historique des anciens alphabets et écritures semble impossible en un article, aussi passerons-nous directement aux grands moments de l’Histoire qui ont marqué de réelles évolutions à ce sujet, notamment avec la célèbre Pierre de Rosette de Jean-François Champollion, père de l’égyptologie et «décodeur» des hiéroglyphes. La Pierre de Rosette, redécouverte au XIXe siècle, présentait, sur sa surface, le même texte (un décret royal du Pharaon Ptolémée en 193 av. J-C.) écrit en deux langues (égyptien ancien et grec ancien) et en trois écritures (hiéroglyphes, égyptien démotique et alphabet grec), ce qui permit donc le décryptage desdites hiéroglyphes, jusqu’alors intraduisibles. Le premier mystère était percé. On peut maintenant admirer ce splendide vestige du passé au British Museum de Londres, en Angleterre.

Le Code de Hammurabi

Bien moins connu que la Pierre de Rosette de Champollion, le Code de Hammurabi, découvert en 1901, n’en est pas moins exceptionnel. Présenté sous la forme d’une stèle d’environ 2,25m de haut où est gravé un texte juridique babylonien daté de 1750 av. J-C., cet artefact est considéré comme le plus bel exemple des codes de lois de la Mésopotamie antique. Il est rédigé sous la forme d’une écriture cunéiforme et en langue akkadienne. Ici encore, on retrouve la même idée fondamentale : celle d’un texte à vocation adminstrative. Il s’agit d’un code juridique avec prologue, développement, articles de lois, décisions de justice et bien évidemment, éloge dans l’épilogue du souverrain Hammurabi, grand roi de Babylone de 1792 à 1750 av. J-C. Là encore, l’intelligence des auteurs en transcrivant le texte de façon bilingue, a permis le décryptage de langues anciennes et surtout, a facilité la compréhension de la richesse et de la complexité de l’organisation d’une civilisation babylonienne. Dans ce Code, on peut découvrir des pratiques judiciaires (le meurtre, la délation), des principes de droit pénal (le poids des statuts sociaux, le lien symbolique entre le délit et la peine, les types de peines), la propriété des biens meubles (le vol, les esclaves), la règlementation des activités économiques et professions (prix et salaires, agriculture, commerce et prêt, médecine), le droit de famille (mariage et relations entre époux, relations entre parents et enfants, le cas des religieuses)… Sur une seule stèle, quasiment toute l’organisation de lois Babyloniennes est développée.

Les Quipus Incas

Autre exemple de système d’écriture complexe et encore partiellement irrésolu, celui des Quipus (ou Khipus) Incas, représenté sous la forme d’une « succession de nœuds le long de cordelettes de diverses couleurs fixées à une corde » (Wikipedia). Là encore, l’étude et le décryptage de ces nœuds a permis d’arriver à la conclusion que ceux-ci renseignent sur le recensement des données statistiques concernant l’économie et la société de l’empire Inca, au Pérou. Il est à noter qu’en 2013, sur le site d’Incahuasi, une grande quantité de quipus ont été trouvés et ont permis de commencer l’établissement d’un vocabulaire de base, apte à déchiffrer complètement les quipus d’ici peu.

Les codex Mayas

Restons sur le continent Américain et penchons-nous sur un autre mystère linguistique, celui du codex maya. Découvert au XVIe siècle par les Conquistadors Espagnols en quête de fortune et de gloire, ce système d’écriture particulier au peuple Maya du Yucatan (Mexique) date de l’époque précolombienne. Lui aussi constitue les archives écrites de la civilisation Maya, présenté sous la forme d’assemblage de feuilles ou cahiers avec des glypes logo-syllabiques (un dessin représente un mot, mais une syllabe peut aussi être représentée sous plusieurs dessins). Cinq grands codex ont survécu au pillage et aux destructions des Conquistadors et sont actuellement en cours de décryptage : celui de Dresde, de Madrid, de Paris, de Porrùa et de Grolier. Chacun de ces codex est d’une incroyable richesse culturelle et nous informe du système calendaire et numéral, d’astrologie et d’horoscope… Il est à noter que celui de Porrua, daté entre le IIe av. J-C. et le IVe siècle, se démarque des autres du fait de la nature de son support… en peau de lamantin !

En 2008, un documentaire vidéo intitulé Breaking the Maya Code (Le code Maya enfin déchiffré, en français), de l’auteur Michael D.Coe par le réalisateur David Lebrun allait montrer au monde entier que le célèbre système de glyphes Maya avait enfin été décrypté. L’auteur y raconte tout son périple, à commencer par la découverte et l’exploration archéologique du site de Piedras Negras dans le Nord du Mexique qui allait lui permettre d’avancer de façon significative dans le déchiffrement de ces écrits. Après maintes investigations et tentatives de décryptage, il en arrive à la conclusion que les textes retrouvés ici et là dans le monde Maya traitent de guerres, d’alliances, de royaumes, de trahisons, de puissantes dynasties et de brillants généraux, d'artistes créatifs et de héros mythiques, tout cela constituant la richesse de l’histoire du peuple Maya.

Finalement…

On ne peut comprendre le futur sans comprendre le passé. En dépit de toutes les avancées technologiques que connaît le monde aujourd’hui, tous les mystères linguistiques n’ont pas été résolus. Bon nombre d’alphabets ou de systèmes scripturaux n’ont jamais pu encore être décryptés. Il n’y a pas de machine miracle qui puisse le faire et seule la ténacité des chercheurs, historien et cryptologues parviendront un jour à résoudre ces mystères, qui ne pourront que mieux nous éclairer sur notre passé. Il n’y a pas de langues vraiment mortes, mais justes oubliées, qui ne demandent qu’à ressusciter…


RÉFÉRENCES 

L’écriture en Mésopotamie

La Pierre de Rosette

Les Quipus Incas

Les Codex Mayas

Le code Maya enfin déchiffré

 

ILLUSTRATIONS

Le cunéiforme, Wikipedia

La Pierre de Rosette, Wikipedia

Le code de Hammurabi, Wikipedia

Un quipu Inca, Wikipedia

Glyphes Mayas, Wikipedia


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  • Percer les codes


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