Du sol au plafond, tout est fait maison. «Le ponçage du sol a été un vrai calvaire», se rappelle David, responsable des formations à l'Electro Lab. «Le sol était dans un état lamentable car jadis, ce sous-sol était occupé par une imprimerie. Nous avons tout poncé dans un nuage de poussière digne d'une méga tempête de sable dans le désert».
Ce dimanche de janvier 2016, guidé par Yannick, le trésorier de l'association, notre petit groupe de badauds déambule, quelque peu éberlué, dans les 1 500 m2 qu'occupe désormais l'Electro Lab, le makerspace le plus vaste d'Europe. C'est aujourd'hui un entrepôt de machines plus ou moins modernes, de divers matériel, de matériaux, qui s'aménage petit à petit depuis 2010 avec la seule bonne volonté de ses bénévoles. «Nous avons engagé d'énormes travaux de réfection pour mettre ce sous-sol insalubre aux normes», explique Yannick. Du ponçage du sol à la pose des néons donnés par un lycée en passant par l'abattage des cloisons, l'Electro Lab c'est le temple du DIY (Do It Yourself). «Mais tout ne se fait pas à partir de matériel de récupération», précise Yannick.
Faire par soi-même, un principe
Ce dimanche, les machines réparties dans différentes zones (cf. plan) sont au repos.
Dans la "zone projet" de l'Electro Lab, quelques membres s'activent devant leurs ordinateurs. Une jeune femme à l'accent slave et un homme grisonnant discutent. Un carte électronique semble retenir toute leur attention. "Nous l'avons fabriqué ici", lance, tout sourire la jeune femme.
Présentations faites, nous apprenons qu'Olga et Denis se sont rencontré à l'Electro Lab, elle mue par la curiosité et lui bricoleur de toujours, ils ont chacun de leur coté, poussé la porte. «A l'âge de 16 ans, j'ai monté une machine à imprimer dans le jardin de mes parents», se souvient Denis, amusé. Mais Olga et Denis ne sont pas ce que l'on appelle communément des geeks. Ils ont presque tout appris sur place lors de formations données par les membres du Lab aux autres membres.
Apprendre entre nous
Une salle de formation toute équipée : chaises, tables, tableau blanc, vidéo projecteur et Wi-fi est installée près de l'entrée du Lab. Une autre est en cours de construction.
«J'ai suivi plusieurs formations, précise Olga. Initiation Arduino, FreeCad, fabrication de circuits imprimés… c'est super car nous apprenons les étapes de fabrication, le matériel à utiliser, les erreurs à ne pas commettre. Le gain de temps est énorme par rapport au tâtonnage, tout seul dans son coin. Et les formations étant données par des membres du Lab, nous pouvons leur poser des questions après les cours, si besoin ».
Grâce à leurs connaissances acquises sur place et à la mise en commun de leurs propres connaissances, Olga, Denis et un petit groupe de bénévole ont créé un kit pour initier les jeunes au montage de circuits électroniques. Denis a même créé une machine pour industrialiser un process. Bon, c'était un peu son travail, avant la retraite. Résultat : 50 kits fabriqués au Lab qui sont partis comme des petits pains.
"Le Lab est « friendly users », se réjouit Olga. Nous venons avec nos idées, nous pouvons les partager et rencontrer des personnes pour travailler, ensemble".
Quand nous les rencontrons, Olga et Denis planchent sur un second projet. Pour le moment, c'est top secret !
David, le responsable des formations nous explique :
« Des personnes viennent avec un projet… ou pas. Certains adhèrent à l'Electro Lab uniquement pour suivre nos formations. Car à 15 € par mois, on peut se former à énormément de choses ».
David gère les formations mensuelles données aux nouveaux membres et
« l'été dernier, j'ai co-animé un atelier Free Cad en visio conf avec un spécialiste, implanté en Corrèze. Dès que nous avons une demande et un petit groupe d'inscrits, nous nous débrouillons pour monter la formation ».
Des supports (diaporama et vidéos) sont mis à disposition des apprenants. Olga apprécie par-dessus tout, les possibilités de contact avec les formateurs et l'émulation entre les apprenants. C'est dans une formation qu'elle a rencontré Denis. Avant les vacances de Noël, ils ont appris à fabriquer des coussins chauffants. Bien pratique, avec les frimas qui arrivent. « Au fil du temps, on avance de plus en plus vite, constate ravie, Olga ».
DIY (Do It Yourself) et LIT (Learn It Together), telles pourraient être les devises de l'Electro Lab, dans le respect de la Doocracy (celui qui fait décide).
Référence
Le site de l'Electro Lab implanté à Nanterre, ville de la banlieue ouest de Paris: http://www.electrolab.fr/
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