Publié le 18 janvier 2016 Mis à jour le 18 janvier 2016
L’entrée dans le métier est considérée comme un moment délicat dans la profession enseignante, exposée parfois à des taux d’abandon relativement importants : un quart des jeunes enseignants au Québec, selon une étude du CRIFPE parue en 2015, 4 sur 10 au Royaume-Uni etc.
La thèse de S. Flandin cherche à comprendre la réalité des enseignants débutants, dans un contexte français de réforme récente de leur formation (alternance entre formation académique et stage pratique) et le lancement, en 2010, du programme d’accompagnement NéoPass@ction par la vidéoformation (Institut français de l’éducation, IFÉ).
La genèse de ce travail est un chantier d’observation, mené depuis 2005, de cinquante jeunes enseignants dans des établissements scolaires classés "éducation prioritaire" ; après une modélisation initiale de certaines situations récurrentes, des premières vidéos ont été élaborées sur des sujets comme les passages à risque, l’autorité professorale, les rituels de classe, l’efficacité et l’efficience des gestes professionnels etc.
A suivi un programme plus ample de recherche-conception d'un environnement de formation ad hoc (NéoPass@ction), basé essentiellement sur des vidéos, qui propose des regards croisés d’enseignants novices, expérimentés et des chercheurs.
La plateforme a été lancée en 2010; elle compte, à la rentrée 2015, environ 38 700 abonnés et une moyenne de 520 visites par jour.
Le chercheur s’est concentré sur l’un des thèmes de l’interface : l’entrée en classe et la mise au travail des élèves.
Un échantillon de six enseignants a été retenu, dans plusieurs disciplines et classes du second degré.
Les données ont été puisées dans des situations d’utilisation de l’interface (des captures vidéo en temps réel) les entretiens, l’enregistrement du travail en salle de classe et les moments d’auto-confrontation.
En fil rouge, deux questions :
Le chercheur constate un intérêt initial contrasté pour des ressources comme les témoignages des chercheurs et la prédominance de la dimension "empathie, reconnaissance dans les pairs": la majorité des individus choisissent de voir des vidéos de collègues enseignant les mêmes disciplines et dans des niveaux de classe similaires.
Le visionnage des vidéos semblerait induire un sentiment de déculpabilisation vis-à-vis de la difficulté, une meilleure anticipation de nouvelles situations et des possibilités d’action. Si les effets en termes de transformation des comportements ne semblent pas spectaculaires, certains individus changent de manière significative leur approche en salle de classe.
Au-delà de la nécessaire mise en perspective des résultats d’apprentissage avec le coût technico-organisationnel de ces dispositifs, plusieurs pistes de travail restent ouvertes :
Illustration : reallyboring, Foter.com
Simon Flandin. "Analyse de l’activité d’enseignants stagiaires du second degré en situation de vidéoformation autonome : contribution à un programme de recherche technologique en formation". Université Blaise Pascal - Clermont-Ferrand 2, 2015. https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01248733
Pour en savoir plus :
Ria Luc. "La plateforme Néopass@ction : genèse et usages. Entretien avec Luc Ria réalisé par Frédéric Saussez" in Recherche & formation 1/2014, n° 75, p. 127-130
http://www.cairn.info/revue-recherche-et-formation-2014-1-page-127.htm.
M. Asselin. "Le calvaire des nouveaux enseignants" (Janvier 2016) http://www.journaldemontreal.com/2015/10/13/le-calvaire-des-nouveaux-enseignants
H. S. Wattad. The Silent Crisis. Teachers' Dropout of Schools. Moldova State University (2015).http://studiamsu.eu/wp-content/uploads/23-p.134-137.pdf
(Liens consultés en janvier 2016)
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