Un enseignant de langues n’échappe pas aux exigences du métier de professeur (connaître sa matière, la maîtriser, se perfectionner, savoir faire preuve de pédagogie... ) mais de plus il doit relever un défi d’autant plus difficile qu’il lui faudra faire passer des connaissances dans une autre langue.
Mieux se préparer avant de se lancer
Professeur de Français langue étrangère, d’anglais, d’espagnol, d’allemand… ce n’est pas un métier comme les autres… Certes, la formation académique demeure souvent la même : un cursus scolaire normal, puis des années d’études universitaires dans la langue en question. Toutefois, à la sortie de l’université, rares sont les futurs professeurs aptes à mener une classe directement.
En effet, bien que l’université prépare à la pédagogie, à la grammaire, à la didactique, à l’évaluation, à l’orthographe, à la phonétique… elle ne prépare malheureusement pas à la « vraie vie », celle de la classe, celle qui met en présence un professeur et ses apprenants. L'aspect social et relationnel est quasi absent des amphithéâtres et n’est pas accessible d’un point de vue purement théorique.
Dans ce cas, comment permettre aux futurs profs de ne plus être rebutés par cette « distance » avec sa classe ? Certaines écoles et universités proposent des stages, directement dans des écoles, avec d’autres enseignants. Le futur prof est donc comme un témoin qui peut assister à une vraie classe, ce qui lui permet d’appréhender déjà une certaine approche avec les apprenants, mais aussi de voir comment gérer une classe.
Un meilleur contact avec les apprenants
Seul contre tous… c’est souvent cette première impression que le professeur a en entrant dans sa classe ! Alors comment faire pour éviter ce trac ?
Étant prof de FLE (français langue étrangère) pour adultes depuis une dizaine d’années, j’ai une petite astuce qui fonctionne très bien. Le premier jour de classe, je joue la carte de l’anonymat en allant simplement m’assoir parmi les étudiants, tout comme étant l’un d’entre eux. Comme personne ou presque ne se connaît, comme les différences d’âge sont flagrantes (entre 18 et 55 ans), comme les origines culturelles et géographiques sont légion… je suis invisible !
De plus, le fait de me mêler discrètement aux étudiants me permet d’avoir un premier aperçu de leur expérience en classe et comment ils ressentent ce cours. Croyez-moi, c’est enrichissant ! Vient ensuite le moment où on les entend se demander où est le prof et c’est là que je retire ma cape d’invisibilité et que je reprends ma place en avant de la classe. La surprise est toujours générale et j’avoue qu’elle est agréablement reçue !
En fait, ce petit jeu me permet de montrer aux apprenants un peu de ma personnalité pédagogique : observer pour mieux comprendre et expliquer. En effet, pour moi, la meilleure façon d’enseigner une langue, c’est de connaître celle des autres, établir des liens, des rapports s’il y en a, et créer des ponts là où il n’y en a pas. L’objectif, c’est bien de transmettre un savoir, à savoir une langue justement.
L’enjeu n’en est que plus grand, c’est pourquoi il est indispensable de créer un bon rapport de confiance entre les étudiants et l’enseignant, car c’est par ce dernier que tout se jouera : la réussite ou l’échec : parler ou ne pas parler une langue. Car après tout, on n’en apprend que mieux en apprenant les uns des autres…
Le capitaine à la barre
En fin de compte, bien diriger une classe, c’est comme mener un bateau à bon port : le professeur, tel un capitaine, se doit de trouver la meilleure voie de navigation possible pour que ses apprenants, les passagers du bateau de la connaissance de la langue, arrivent tous au bout de leur périple : comprendre, parler et vivre dans une nouvelle langue !
Illustration : bikeriderlondon - Shutterstock
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