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Publié le 30 novembre 2015 Mis à jour le 24 mai 2023

La vitesse d'exécution, bon critère, mais pas universel

Ne pas confondre vitesse et précipitation

Jean de la Fontaine nous a rappelé que la vitesse n'est pas toujours une condition suffisante pour garantir le succès d'une tâche. Le lièvre l'a appris à ses dépens lorsque la tortue a passé la ligne d'arrivée avant lui. Pourtant, la vitesse d'exécution continue d'être considérée comme un gage de compétence, ce qui interroge finalement sur la pertinence de ce critère. 

Ne pas se précipiter pour bien accélérer

Lorsqu'on parle ici de vitesse d'exécution, il s'agit avant tout d'une activité correctement exécutée et non d'un travail bâclé évidemment. Or, quelque soit le domaine choisi, à quelques rares exceptions car même les prodiges et les génies s'entraînent, la rapidité d'exécution est souvent le fruit d'un long travail, de répétition.

Dans le cas du sport, les spécialistes s'accordent pour dire que la première étape reste la connaissance parfaitement précise du geste à réaliser. La technique demeure donc le premier objectif : coup de pied au karaté, jonglage au foot, formation des lettres, jeu à la guitare ou encore esquisse au fusain... tout commence par un geste lent et mesuré, demandant une forte concentration pour bien le réaliser.

Si ce premier stade est si important, c'est parce que c'est lorsqu'on effectue les premiers gestes correctement, de façon répétée, qu'on les fixe dans la mémoire neuromusculaire. Alors, se met en place dans le cerveau une automatisation de certaines séquences qui semble par la suite naturelle : faire du vélo, marcher ou encore conduire en sont de parfaits exemples. Apprendre à conduire demande une attention soutenue, une forte charge cognitive associée lors de l'apprentissage.

Par la suite, la conduite se fait de manière plus inconsciente, permettant de discuter avec les passagers ou d'écouter la radio. A force d'être répété, à l'envers, plus ou moins vite etc. le geste devient un réflexe auquel il n'est pas utile de prêter attention, pour l'adapter à la situation. Ainsi, un pâtissier expérimenté pourra réaliser en un tour de main une plaque de chouquettes ou macarons rigoureusement identiques, là où le commun des mortels obtiendra difficilement des gâteaux réguliers.

Quand la lenteur d'exécution devient un problème

Outre les domaines comme la médecine, où la rapidité des gestes s'avère très relative car parfois contre-productive, certaines personnes ne peuvent être jugées sur des compétences relatives à la vitesse de réalisation. Ainsi, pour les dyslexiques, dyspraxiques ou encore certains hauts potentiels et enfants précoces, la vitesse d'exécution est naturellement limitée. En effet, la construction défaillante de leur automatisation dans certains domaines, lecture, écriture... en font un public incapable d'automatiser certaines tâches.

Les dyspraxiques sont particulièrement marqués par cela, puisqu'ils souffrent d'une incapacité à coordonner finement leurs gestes. La première étape de l'apprentissage du mouvement étant sans cesse répétée, il n'est pas possible pour eux d'accélérer, ce qui constitue pour eux un frein si l'on estime que la maîtrise passe par la vitesse. Cela prouve bien que la mémoire procédurale est donc fondamentale pour augmenter sa rapidité mais doit être combinée par ailleurs à une bonne coordination des mouvements.

La qualité d'exécution

La vitesse d'exécution n'est donc un symbole marquant de la maîtrise du geste, que si on a la chance de n'avoir aucun dysfonctionnement de la mémoire procédurale. En outre, il faut garder à l'esprit que ce n'est une valeur sûre qu'à partir du moment elle devient inconsciente, menant au succès de l'opération engagée.  

Dans d'autres cas, la lenteur est aussi un bon signe : ralentir son rythme cardiaque au repos est une manière de gagner en espérance de vie, et les marathoniens, par leur capacité d'aller vite, parviennent à force de s'entraîner à diminuer de 10% leur fréquence au repos.Comme le disent les menuisiers "mesure deux fois et coupe une fois" : prendre son temps au départ permet d'en gagner par la suite.

Ainsi, la question de la vitesse reste complexe : la véritable maîtrise ne serait-elle pas plutôt de savoir quand aller lentement et quand accélerer plutôt que de toujours se précipiter?

 Crédit photo : ktsdesign - ShutterStock

Références

"il existe une mémoire du geste" - Anne Chemin - Le Monde
http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/11/13/il-existe-une-memoire-du-geste_4523174_3224.html

Travailler sa memoire pour changer ses mauvaises habitudes - Idéo-gène
http://www.ideo-gene.net/memoire-et-concentration/trucs-travailler-sa-memoire-pour-changer-ses-mauvaises-habitudes/

Relation entre le rythme cardiaque de repos et le risque de mortalité - Entraînement sportif
http://entrainement-sportif.fr/ralentir-rythme-cardiaque.htm

Focus sur la fréquence cardiaque de repos - Jogging
http://www.jogging-international.net/sante-forme/articles/focus-sur-la-frequence-cardiaque-de-repos

L’enfant précoce et les difficultés d'écriture - Josiane DELORME (.pdf)
http://www.afep-asso.fr/documents/actes/0503.pdf


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