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Publié le 03 novembre 2015 Mis à jour le 29 mars 2022

Valoriser un cours, c'est reconnaitre l'enseignant

La valorisation d'un enseignement passe par celui qui construit les apprentissages

Des cours, il y en a de bons voire de très bons. Derrière ces cours se cachent des enseignants, de très bons enseignants. C’est d’ailleurs là que le bât blesse car les professeurs sont rarement reconnus et par la société et par leur institution. Pourtant leurs cours sont efficaces, parfaitement construits, contextualisés, documentés, dynamiques et font le plaisir d’une classe le temps de quelques heures voire d’une année.

Après tout c’est un peu l’objet d’un cours : faciliter l’apprentissage des apprenants. Mais comme dans tout métier, l’efficacité est souvent la conséquence d’une réelle motivation et de la reconnaissance de l’institution. Il existe un lien entre l’image qui est renvoyée aux enseignants sur la qualité de leur travail et la dynamique d’enseignement et donc d’apprentissage qu’ils proposent.

Tenez par exemple : comment organiser des ateliers théâtre avec toutes les implications pédagogiques quand cela reste perçu comme un club récréatif ? Comment se lancer dans une démarche de classe inversée si l’on n’est pas soutenu dans le processus ? Comment intégrer des heures de création audiovisuelle sur smartphone pour ludifier un enseignement  alors qu’il faut boucler le programme ? Faut-il en conclure par le fait qu’il faille nécessairement engager une bataille pour toute démarche ou innovation pédagogique ?

Valoriser le travail des enseignants, une logique managériale

Les enseignants ont souvent le sentiment d’une dévalorisation de leur profession alors que leur engagement vis-à-vis des élèves reste très fort. C’est d’ailleurs ce qui ressort de l’enquête TALIS (Enquête internationale sur la satisfaction et l’apprentissage) menée en 2013 par l’OCDE. A l’échelle internationale, il apparait  que :

« en moyenne, dans les pays participant à l’enquête TALIS, plus de deux enseignants sur trois estiment que leur profession n’est pas valorisée dans la société. Ce constat est important dans la mesure où ce sentiment peut influer sur le nombre et la qualité des candidats souhaitant embrasser la profession d’enseignant, ainsi que sur le maintien des enseignants déjà en poste. ».

Cette enquête est loin de s’intéresser aux petits maux de chaque enseignant et met en lumière un réel problème sociétal. Pourquoi cette absence de valorisation de travailleurs qui ont prouvé des aptitudes intellectuelles importantes (en France le recrutement s’effectue au niveau maîtrise/master) et des compétences à la fois techniques (les professeurs de l’enseignement professionnel possèdent un savoir-faire élevé) et des capacités de communication (et oui, enseigner c’est savoir communiquer !).

Or il existe une corrélation entre satisfaction liée au métier, permanence dans le poste, résultats obtenus et qualité du service. Ceci est valable dans toute organisation. Un établissement scolaire est certes une structure qui a ses propres spécificités par rapport à l’entreprise mais il y a des variables identiques.

L’enquête révèle que :

« le constat est porteur d’un message important pour les systèmes soucieux d’attirer de bons candidats dans la profession d’enseignant et de maintenir la motivation au sein de leur corps d’enseignant. »

On a donc un réservoir humain de niveau ingénieur qui n’est pas utilisé. Un non-sens ? Oui car on perd à la fois l’énorme potentiel intellectuel qui permettrait de proposer des formations novatrices ou encore efficientes dans un environnement professionnel et de favoriser l'excellence des apprentissages au niveau international.

Comment y remédier ?

L’enquête TALIS propose tout d’abord d’intégrer davantage les enseignants dans « la prise de décisions au sein de leur établissement ». Ceci nécessite de faire une place nouvelle à une démarche de travail collaborative entre enseignants, direction mais aussi vie scolaire et parents. Ceci aurait pour effet de renforcer les liens entre les différents rôles et métiers et de prendre en compte les contraintes et les objectifs de chacun dans les choix à effectuer. Plus facile à dire qu’à faire ? Oui mais ceci ne permet pas que l’on s’autorise à rester dans des modes de fonctionnement qui montrent leurs limites. Rome ne s’est pas faite en un jour. Donnons du temps et faisons preuve de bienveillance envers ceux qui s'y essayent.

A cela il faut proposer un nouvel accompagnement aux enseignants qui ont envie d’évoluer vers de nouveaux horizons. Un bon enseignant doit donc être repéré par l’institution, être référent pour ses collègues, acteur dans les réunions académiques, invité à être force de proposition au niveau national.

Il ne s’agit pas de mettre tous les enseignants dans la lumière car certains ne le souhaitent pas, mais faire la part belle à ce corps dont l'investissement ne se limite pas aux murs de son établissement. Combien de blogs, sites et vidéos sont produites mais restent noyées dans le flot des ressources Internet. Les curateurs en sélectionnent quelques-unes et les proposent en "pearltrees" mais les professeurs qui y ont travaillés sont-ils un jour invités, interrogés pour leur expertise ? Pas souvent !

  ....

J’ai pourtant commencé dans le métier grâce à ces petites mains d’enseignants ouverts au partage. Corinne Zambotto a été une aide précieuse pour construire mes premiers cours en STG (Sciences et technologie de la gestion, maintenant STMG).

Aujourd'hui, Internet propose plétore de cours mais comment s'assurer qu'ils sont conformes aux exigences du référentiel national et qu'ils intègrent les bonnes démarches pédagogiques ? Le site "Les bons profs" est très diversifié et les explications sont faites par des professeurs qui maîtrisent le sujet. Je ne sais pas si j'aurai un jour l'occasion de les rencontrer dans une réunion académique mais je salue leur prestation et la qualité des cours proposés.

La valorisation des enseignants est un enjeu important dans la construction des cerveaux demain.

Illustration : gpointstudi, Shutterstock

Références

Enquête Talis - Valorisation et satisfaction professionnelles : qu’est-ce qui aide les enseignants ? - OECD.org - OECD. Date de consultation 03 novembre 2015. http://www.oecd.org/fr/edu/scolaire/TIF5FR.pdf

Corinne ZAMBOTTO - Professeur agrégée d’économie et gestion comptable  http://corinne.zambotto.free.fr/CV_corinne_zambotto.pdf

Les Bons Profs - Soutien scolaire en ligne pour le lycée et le collège. https://www.lesbonsprofs.com


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