Publié le 06 juillet 2015 Mis à jour le 06 juillet 2015
Internet est un terreau libre et où les gens y plantent ce qu'ils veulent. La plupart des jardiniers du Web y font croître du contenu intéressant et pertinent, mais de vilains vauriens s'amusent aussi à semer de mauvaises herbes.
De cette façon naissent les canulars sur la Toile. Et ils se reproduisent vite. Pour rester dans la métaphore du jardin, rien n'est hiérarchisé dans ce lopin de terre. Ainsi, un visiteur qui tombe dans une talle de mauvaise herbe croit que ce qu'il trouve est aussi légitime qu'ailleurs. Ce qui peut expliquer, par exemple, que la ministre de l'Éducation nationale française a admis dans la semaine qui a suivi les tragiques attentats à Paris au début de l'année 2015, qu'un jeune sur cinq croyait aux théories du complot…
Un chiffre effarant qui, bien qu'il n'ait pas de base scientifique, rappelle l'importance d'aiguiser son esprit critique en se promenant sur Internet. Une habitude bonne à apprendre dès le jeune âge. Une enseignante l'a compris et a décidé de le faire expérimenter à ses élèves.
Rose-Marie Farinella Elkabbach a donc convié ses élèves de CM2 de l'école primaire de Taninges où elle travaille à obtenir leur diplôme « d'apprenti hoaxbuster ». Pendant la 26e semaine de la presse et des médias en mars dernier, elle a mis en place huit sessions d'une heure et demie pour traiter le thème de l'info et des canulars.
Évidemment, avant les faussetés, il fallait tout d'abord parler de la véritable information. Qu'est-ce qu'elle est, comment se présente-t-elle et comment les journalistes l'abordent-ils? Les premières séances ont permis d'analyser des journaux papier et en ligne, la mise en page, la question de l'objectivité versus la subjectivité, etc. Les trois dernières sessions ont véritablement concerné le mauvais grain du Web. Par exemple, les petits ont été surpris de voir comment le site du Figaro et du Gorafi (publication parodique) pouvait rapidement tromper n'importe qui ne se méfiant pas ou n'ayant pas fait de recherches.
Ces sites n'ont bien sûr pour but que de faire rire et ne sont pas les plus « menaçants » pour la pollution de l'information. D'ailleurs, les élèves ont bien apprécié la lecture de certaines brèves qui ont suscité l'hilarité chez eux. Par contre, les enfants ont été confrontés à des sujets plus sérieux comme les rumeurs, les sites conspirationnistes, les légendes urbaines et les plateformes haineuses et racistes. Il a donc été aussi question du droit à l'image, des lois contre la diffamation, etc.
Cette approche a eu l'avantage de donner aux enfants des outils et des méthodes pour discerner la bonne information de la mauvaise. Il est d'ailleurs intéressant de les entendre sur la page officielle du projet dans de courts extraits audio. Ils semblent comprendre peu à peu l'importance de trier la bonne et fausse information.
Pour les collègues de madame Farinella Elkabbach voulant aussi former de futurs dénicheurs de canulars peuvent consulter les fichiers PDF et la frise chronologique pour s'inspirer du modèle et le faire à leur manière.
Illustration : Angela Waye, shutterstock
Références :
"Attentats En France : "1 Jeune Sur 5 Croit à La Théorie Du Complot", Selon Vallaud-Belkacem." RTL.fr. Dernière mise à jour : 15 janvier 2015. http://www.rtl.fr/actu/politique/najat-vallaud-belkacem-est-l-invitee-de-rtl-15-janvier-7776218246.
Bussod, Corinne. "Inspection De L'Education Nationale De Cluses - Le Projet "S'informer Et Communiquer Sur Internet Et Les Réseaux Sociaux"." Académie De Grenoble. Dernière mise à jour : 20 mars 2015. http://www.ac-grenoble.fr/ien.cluses/spip.php?article583.
Farinella Elkabbach, Rose-Marie. "Théorie Du Complot, Intox ... J'éduque Mes élèves à Discerner Les Vraies Infos Sur Le Net." Le Plus. Dernière mise à jour : 25 juin 2015. http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1388914-theorie-du-complot-intox-j-eduque-mes-eleves-a-discerner-les-vraies-infos-sur-le-net.html.
Le Gorafi.fr. Consulté le 4 juillet 2015. http://www.legorafi.fr/.
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