L’école animale : une émouvante présentation allégorique de l’adaptation scolaire nécessaire.
L’école animale : une émouvante présentation allégorique de l’adaptation scolaire nécessaire.
Publié le 27 juin 2015 Mis à jour le 27 juin 2015
Lorsqu'est traité le phénomène du décrochage scolaire dans les médias, cela concerne majoritairement les personnes qui abandonnent avant la fin des études secondaires.
Une situation mauvaise autant pour les systèmes d'éducation qui y voient des échecs et pour les gens eux-mêmes qui se retrouvent marginalisés et dans une situation plus précaire. Depuis quelques temps, un autre type d'abandon commence à attirer l'attention des autorités : le décrochage universitaire.
Le phénomène aurait de quoi étonner. Après tout, pourquoi faire tout ce chemin et toutes ces années d'étude pour ne pas obtenir une diplomation qui garantit un avenir plus radieux? Et pourtant, depuis le début des années 2000, celui-ci est de plus en plus recensé et déjà en 2004, le Céreq (Centre d'études et de recherche sur les qualifications) et l'Observatoire de la Vie Étudiante notaient que 90 000 jeunes (c'est-à-dire 20 % des inscrits) quittaient les facultés sans diplôme. Et le portrait n'est pas plus rose près de 11 ans plus tard.
Pour des yeux extérieurs, elle peut sembler simple la vie d'étudiant : aller à des cours, faire des travaux, étudier, passer des examens… Répéter le tout jusqu'à obtention du diplôme. Or, la pression est présente. La notion d'excellence et la peur du chômage ambiant, particulièrement en France, forcent les jeunes adultes à travailler bien plus pour obtenir à coup sûr leur diplôme. Sauf que certains finissent par craquer…
Et si ce n'est pas les études, ce sont les petits boulots ou les faibles revenus qui plombent le rêve universitaire. Un texte canadien montrait que les étudiants ayant peu d'argent et qui ont déjà à payer les tarifs inhérents aux études supérieures (frais de scolarité, manuels, logement, etc.) sont aussi démunis devant les coûts cachés. En effet, sur le chemin de la réussite scolaire et même professionnelle, l'étudiant universitaire devra débourser pour assister à des colloques ou des événements pour développer des contacts, cotiser à des organisations étudiantes, etc. Cela sans compter les occupations bénévoles en lien avec sa formation en plus...
Et puis, la notion de l'orientation des étudiants entre en compte. La croyance populaire veut que les jeunes abandonnent les facultés, car ils auraient mal choisi leur champ d'études. Or, une récente enquête sur le sujet note que cette perception serait fausse. La plupart savent très bien dans quel domaine aller. Or, le contingentement et les prérequis forcent une partie des éventuels apprenants qui décrochent à devoir se tourner vers le troisième ou quatrième choix de leur liste.
D'ailleurs, certains d'entre eux, après un an dans un programme, décrocheront pour trouver une place dans celui de leur rêve. Or, même si ces gens ne font pas partie de la description du décrocheur à proprement parler, ils sont comptabilisés comme tels. Par contre, d'autres de leurs collègues doivent tâcher plus longtemps et s'inscrivent dans des filières par défaut plutôt que celle de leur choix parce qu'on leur a dit qu'ils manquaient d'expérience ou que leur niveau d'écriture était trop faible pour l'examen d'entrée. Bref, ils vont à l'université « à la carte » en espérant mieux, le décrochage étant la porte de sortie si rien de ne plus réjouissant se présente.
Enfin, il y a ceux qui cumulent les difficultés scolaires et sociales. Bien souvent, ces personnes hésitent dès la fin du parcours secondaire à se lancer dans la vie professionnelle ou continuer des études supérieures. Ils entrent donc sans trop y croire dans un programme et sont vite chamboulés par le fait qu'ils ne sont pas outillés pour les cursus abstraits et théoriques de l'université.
Au-delà de ces types d'étudiants qui n'endossent jamais, ou tardivement, le rôle d'étudiant, un malaise secoue actuellement le milieu de l'éducation supérieur. Déjà, le personnel enseignant et les chercheurs vivent de la détresse. Les questions sur l'accessibilité aux études se posent. Par exemple, depuis des années, certains se demandent si obtenir un bac devrait automatiquement donner accès à une licence. Peut-être faudrait-il aller vers un système de sélection à l'entrée? Ce que refusent catégoriquement d'autres groupes. Enfin, certaines universités – particulièrement celles en quête d'étudiants – concoivent pratiquement exprès des filières qui attireront de potentiels décrocheurs, mais qui leur permettront de ne pas perdre de ressources financières.
Alors, que faire? Une des solutions suggérées par l'étude et qui est déjà instaurée dans certaines institutions est la mise en place de « voies dérogatoires ». C'est-à-dire qu'ici, le but n'est pas de décourager les étudiants à s'inscrire dans des filières, mais d'évaluer leurs compétences et acquis scolaires. Ainsi, les étudiants sont divisés en groupes sans discernement pour le type de bac obtenu. Les étudiants plus « faibles » sont davantage accompagnés par le personnel enseignant et l'université.
Évidemment, en créant un tel système, il faut s'assurer qu'il ne soit pas stigmatisant pour les jeunes adultes qui se trouvent dans les groupes plus encadrés.
Illustration : ostill, ShutterStock
Références :
Fogarty, Alyssia. "Les Coûts Cachés De La Réussite Sont Trop élevés Pour Les étudiants à Faible Revenu." Affaires Universitaires. Dernière mise à jour : 24 mars 2015.
http://www.affairesuniversitaires.ca/opinion/a-mon-avis/les-couts-caches-de-la-reussite-sont-trop-eleves-pour-les-etudiants-a-faible-revenu/.
Le Priol, Mélinée. "Le Surmenage Gagne Les étudiants." La-Croix.com. Dernière mise à jour : 16 septembre 2014.
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Le-surmenage-gagne-les-etudiants-2014-09-16-1206945.
Rey-Lefebvre, Isabelle. "A L’université, Les Cas De Souffrance Au Travail Se Multiplient." Le Monde.fr. Dernière mise à jour : 29 septembre 2015. http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2014/09/29/a-l-universite-les-cas-de-souffrance-au-travail-se-multiplient_4496137_1473692.html.
Sarfati, François. "L’université Face Au Décrochage." La Vie Des Idées. Dernière mise à jour : 14 avril 2015.
http://www.laviedesidees.fr/L-universite-face-au-decrochage.html.
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