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Publié le 09 juin 2015 Mis à jour le 09 juin 2015

L'innovation en éducation entre recherche et entreprise

Retour de la conférence "French Touch de l'éducation : comment valoriser la filière ed-tech" (Paris, 3-4 juin)

Le 3 et 4 juin 2015 a eu lieu, à Paris, la cinquième édition de la conférence French Touch de l’éducation, un rendez-vous des innovateurs de l’éducation organisé par la plateforme pédagogique (et startup) LearnAssembly.

L'objectif de cette conférence est de divulguer des initiatives pédagogiques intégrant le numérique et d'inciter l'échange entre les différentes parties prenantes. Intriguée par l'initiative, j'ai décidé de participer à la première journée, sous le thème : comment valoriser la filière ed-tech. Témoignage.

Innovations et pistes de travail

L'idée au départ de la conférence est l'incontestable effervescence autour du numérique dans l'éducation et le postulat d’une spécificité française qui mériterait d’être valorisée.

Après une introduction sur les écoles de commerce françaises et leur stratégie de marque et d'accréditation, plusieurs innovateurs ont témoigné de leur expérience. Parmi les entreprises il y a par exemple livementor, une petite révolution dans le monde du soutien scolaire. Un service 100% en ligne, moins onéreux que les concurrents en présentiel, qui dispose d'une offre très large de mentors et de cours particuliers (via skype) et qui mise tout son succès sur sa réactivité et sa flexibilité.

Il a été aussi question d’applications mobiles. J. Serre, directeur de la société eduPad, nous a livré son regard sur les marchés américain et français des apps éducatives.  La différence démographique est de taille. Aux Etats-Unis le pourcentage d'élèves scolarisés à la maison est de 3% : cela signifie 10 millions d’utilisateurs potentiels, sur un marché décrit comme "très exigeant". Les boutiques d'applications, comme le Google play store for education aux Etats-Unis, permettent un système d'achat décentralisé, où chaque enseignant peut choisir la ressource qui lui convient le mieux. Hors, l'un de principaux problèmes dénoncés par les start-up en France est justement une prise de décision très fragmentée et une excessive pluralité d'interlocuteurs avec lesquels il faut composer (DSI, coordonnateurs pédagogiques etc..).

Il a été question aussi de francophonie. La plateforme ministérielle FUN prévoit des modèles de co-construction de MOOCs Nord-Sud, dans une logique de collaboration récemment rappelée par les ministres francophones de l'enseignement supérieur.  Une collaboration qui sied aux besoins spécifiques des pays, comme le projet Idéas Box de l'association Bibliothèques sans frontières : une médiathèque en kit, assemblée sur deux palettes, déployée en moins de 20 minutes pour donner vie à un espace de 100 m², avec équipement, mobilier, ressources pédagogiques, fonctionnant dans toutes conditions de précarité et hors connexion. 

Et la spécificité française?

Mélanger des porteurs de projets, issus d'horizons parfois différents, est  toujours vivifiant. Cependant, cette théorie de spécificité française laisse dubitatifs et n'est pas très claire. Une bonne idée est une bonne idée, sans frontières, sans périmètre géographique d'application. Selon certains intervenants, une spécificité française résiderait dans les relations compliquées entre le monde de la recherche et les entreprises qui veulent innover en éducation. Mais les questionnements sur l'évolution de la recherche et les liens avec les entreprises ne sont-ils pas une tendance générale ? 

Sophie Pène, du Centre de recherches interdisciplinaires de Paris, a insisté sur le rôle de catalisateur de l'enseignement supérieur et a ouvert une parenthèse très intéressante sur le "glissement de valeurs", qui est en train de se produire, des contenus vers les données : si l'attention des universités est encore focalisée sur les publications scientifiques, la vraie perspective est dans les données de la recherche et trois niveaux de l'open data : les métadonnées des publications, l'étude des données sous l'angle de la stratégie de recherche au niveau national et international, la reproductibilité des données. 

La journée s'est ainsi terminée par un plaidoyer pour dépasser les difficultés de collaboration entre recherche et entreprise. Mais cela n'est pas un problème résolument français, comme le montre un récent article paru dans la revue prospective Europen Journal Futures Research, invitant les universités à évoluer vers un management de l'innovation.

Dans l'un des cinq scénarios prospectifs proposés d'ici 2025, les auteurs imaginent d'ailleurs un nouveau corps de métier, faisant l'interface entre universités et monde extérieur, chargés d'un transfert de connaissances jugé encore plus important que la création même de nouvelles connaissances.
Et avant 2025 ... ?

 

Références

Pour suivre l'initiative FrenchEdTech : @FrenchEdTech et le blog d'A. Amiel "Les startups de l'éducation"

Pour découvrir plus sur l'ed-tech, suivez à partir de septembre 2015 le projet de tour de monde de deux étudiantes d'HEC Le EdTech world tour

Pour en savoir plus sur les scénarios prospectifs évoqués :
Blass, E. et Hayward, P. "Innovation in higher education, will there be a role for the academe/university in 2025?" in European Journal of Futures Research 12/2014

(Dernière consultation : 5/06/15)

 


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