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Publié le 04 mai 2015 Mis à jour le 02 mars 2023

La prévention des troubles musculo-squelettiques en formation

Interview de Christiane Daban, praticienne en santé au travail

Christiane Daban est praticienne en santé au travail. Sa formation de base est la kinésithérapie. Située dans le sud-ouest de la France, elle intervient notamment dans des entreprises pour y mener des actions de prévention. Elle a accepté de répondre à quelques questions.

 

F.D. Vous intervenez dans le domaine de la prévention au travail. Beaucoup d’’acteurs se retrouvent autour ce thème. Pouvez-vous nous présenter le cadre de votre action, et le lien avec les autres professionnels ?

C.D. Oui, j’ai décidé depuis une vingtaine d’années d’exercer mon activité de kinésithérapeute selon 2 modes très complémentaires : la rééducation en cabinet et à domicile, et la prévention à travers des missions en entreprise. Ces missions sont de trois natures : des réunions d’informations, des conférences de sensibilisation et des actions de prévention.

Lors de ces interventions en entreprise nous disposons d’un atout majeur : nous établissons avant toute formation un bilan individuel pour chaque agent.  Cet entretien individuel d’une durée de 20 à 30 minutes, nous permet de mieux appréhender les aptitudes physiques avant d’envisager une visite sur le poste de travail.

En ce qui concerne les actions de prévention, il n’est pas envisageable de travailler “seul dans son coin”. Les actions pluridisciplinaires sont beaucoup plus efficaces. La phase préparatoire de mise en place est primordiale ( managers, médecins du travail, etc),  pour coordonner les actions à mener avec les différents acteurs de prévention ( kinés, ergonomes, infirmières, ergothérapeutes, psychologues du travail, etc. ) l’orchestration de la prévention  est un gage de réussite.

 

F.D. Ces approches ont-elles leur place dans le monde de la formation et de l’éducation ?

C.D. Oui, bien entendu. Il  y a quelques années, on associait les troubles musculo-squelettiques  à des métiers qui nécessitaient beaucoup de manutention. Maintenant, nous savons que même une personne qui travaille sur son ordinateur ou qui corrige des copies peut avoir une sciatique ou un problème au canal carpien si elle ne fait pas attention.

Le stress, les vêtements et le contexte constituent aussi des éléments déterminants.

 

F.D. On est à la recherche de recettes, de règles à suivre. Y a-t-il des bonnes postures qui peuvent être conseillées aux formateurs ?

C.D. C’est le fameux mythe du formateur : Dans toutes les formations, le chef d’entreprise demande au formateur d’enseigner la bonne technique, la bonne manière, le bon geste à réaliser. Nous sommes des “individus”, donc chacun a des capacités qui lui sont propres. Notre rôle est de proposer aux agents ” une caisse à outils gestuels”  et de les  aider à choisir parmi ceux qui leur conviennent le mieux.

 

F.D. Est-ce à dire que la question de la meilleure solution entre sac à dos, valise à roulette ou sac en bandoulière n’a pas de réponse absolue ?

C.D. Cela dépend de la charge à transporter, des capacités physiques du porteur, et du temps pendant lequel il va déplacer la charge:  on pourrait rajouter les facteurs de répétitivité (est-ce tous les jours, plusieurs fois par jour), les facteurs environnementaux,  etc.

A priori, il est préférable de varier les façons de porter et les types de sacs. Dans les activités de manutention (équipements lourds, copies,...), il faut aussi veiller à porter la charge près du corps..

 

F.D. Sans parler de “bonnes postures”, y a-t-il des principes à connaître ?

C.D. Déjà , une bonne formule à retenir est : “Qu’est-ce que ça me fait quand je fais ___ ?”

La stratégie mise en place par le corps pour rester en position verticale consiste à maintenir le centre de gravité à l’aplomb d’une surface délimitée par les pieds, que l’on nomme “le polygone de sustentation”.

le polygone  de sustentation

C’est un peu technique, mais les implications sont concrètes.  Plus on referme les pieds, plus on les rapproches, moins on est en équilibre. Les spécialistes des arts martiaux le savent. Mais les coiffeurs, les cuisiniers, les formateurs… restent poliment les pieds resserrés sans donner de liberté à leur corps. Ils doivent alors utiliser des stratégies de compensation.

 

F.D. Qu'entendez-vous par compensation ?

Notre système d’auto régulation permet au corps de s’adapter face à des contraintes physiques. Lorsque ce système est déficient, le corps va compenser, des tensions vont s’installer ailleurs. Ainsi, une douleur à l’épaule peut nous amener à porter différemment, en penchant le corps, ou en sollicitant davantage l’autre bras.

Les tensions ressenties par ces compensations sont souvent plus importantes que celles du départ. On parlera donc d’adaptations /compensations.


Illustrations : Frédéric Duriez


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