La quincaillerie des technologies de l’information et des communications peut facilement nous distraire et disperser notre attention dans mille directions. Jusqu’à en oublier, parfois, que former l’esprit d’un jeune ou d’un moins jeune, c’est lui donner une forme et non l’emplir à satiété, fut-ce de toutes ces merveilleuses connaissances dont regorge Internet.
Le directeur du Searle Center for Teaching Excellence (Northwestern University), Kennet R. Bain, nous le rappelle en proposant une méthode simple pour évaluer la qualité de notre enseignement. Il s’agit d’une série d’interrogations qu’il a recueillies auprès de professeurs émérites à qui il a demandé quelles questions ils se posent au moment où ils préparent un nouveau cours.
(J’en ai d’abord fait la traduction pour mon propre usage, mais c’est le genre de choses qu’on ne peut pas ne pas partager -- je le fais avec l’assentiment de l’auteur, que je remercie
(1)
. Si vous le préférez, vous pouvez lire
les questions dans leur formulation originale en anglais.)
- Auxquelles de leurs questions ce cours aidera-t-il les étudiants à trouver des réponses? Quelles habiletés, quels savoir-faire ou quelles qualités les amènera-t-il à développer?
- Quels types de raisonnement les étudiants devront-ils utiliser pour répondre à ces questions?
- De quels renseignements auront-ils besoin et comment pourront-ils les obtenir?
- Quelles questions est-ce que je vais utiliser pour amener les étudiants à concentrer leur attention sur les aspects les plus significatifs, à clarifier les concepts, à creuser des hypothèses qui ne sont pas évidentes?
- Quels travaux vais-je leur demander de faire pour les amener dans le vif des sujets?
- À quelles hypothèses contradictoires vais-je les confronter? Comment pourrai-je les stimuler à aller jusqu’au bout de leur démarche de clarification (par du travail collaboratif, par exemple)?
- Comment pourrai-je découvrir ce qu’ils veulent savoir?
- Par quels moyens pourrai-je savoir comment les étudiants apprennent? Comment vais-je vérifier ce qu’ils ont appris avant et indépendamment de tout travail noté?
- Comment vais-je apprendre aux étudiants à mieux apprendre, à observer de manière critique leur façon d’apprendre et de penser, à lire plus efficacement, plus analytiquement et plus activement?
- Comment vais-je aborder les étudiants pour qu’ils réfléchissent activement lorsque je communiquerai avec eux?
- Comment pourrai-je créer un environnement naturel d’apprentissage où l’information et le savoir-faire transmis seront incorporés dans des travaux (théoriques et pratiques) qui partent de ce qui intéresse les étudiants -- des travaux qui, tout en piquant leur curiosité, les amèneront à remettre en question ce qu’ils prennent pour acquis, à questionner leur perception de la réalité?
- Comment vais-je faire comprendre aux étudiants les critères intellectuels que j’utiliserai pour évaluer leurs travaux et pourquoi je tiens à ces critères?
- Comment vais-je amener les étudiants à évaluer eux-mêmes leurs travaux en utilisant ces critères?
- Comment vais-je savoir à quel moment les étudiants sont capables de faire ce que je voulais qu’ils fassent sur le plan intellectuel?
Au moment où la technologie prend inéluctablement la relève des professeurs pour ce qui est de transmettre les connaissances, ces questions ont aussi le mérite de nous ramener aux fondements de notre raison d’être, autant en classe qu’en formation à distance...
Pour en savoir plus :
(1) Copyright (c) Kennet R. Bain, Director - The Searle Center for Teaching Excellence, Northwestern University. Traduction et reproduction avec l’autorisation de l’auteur.