Qui n'a jamais été confronté à un doute devant un raisonnement ou la faisabilité d'un projet? Un de ces moments où l'on pressent une faille, sans pour autant être capable de la voir et encore moins d'y remédier. Qu'il s'agisse d'exposer à d'autres ses idées ou bien de construire son propre raisonnement, le dessin, qu'il soit esquisse ou dessin technique de grande précision, peut être d'un grand secours.
En effet, le raisonnement intellectuel sans support, ne serait-ce que schématique, a tendance à emprunter des raccourcis. Ces derniers ne causent aucun problème de logique immédiate à son créateur, mais lui dissimulent des failles que les auditeurs verront comme de véritables obstacles à la compréhension. La preuve en est, qu'après quelques jours sans avoir touché à une présentation, il est courant de modifier une explication pour la rendre plus logique, voire de modifier un passage qu'on ne comprend plus soi-même alors qu'il était limpide au départ. Le graphisme devient alors une colonne vertébrale sur laquelle s'appuyer.
Le dessin comme support de construction
Si les chercheurs et spécialistes de l'innovation ou de la communication utilisent volontiers le recit (story telling), c'est pour une raison très simple. La combinaison de dessins et de mots permet de clarifier la pensée. Raconter une histoire ou un concept nécessite un découpage précis pour produire du sens et expliquer le point de vue exposé de façon optimale. L'identification de la structure, du début jusqu'à la fin, doit apparaître, limpide.
Si le dessin ne présente pas certaines parties (rendues invisibles par la perspective, par exemple), cela n'empêche pas le dessinateur de les prendre en compte lorsqu'il dessine. C'est ainsi que les déséquilibres et failles de son raisonnement lui apparaissent. Pour dessiner une table, il est nécessaire de décomposer ses éléments : plateau, pied central ou plusieurs pieds, etc. avant de le dessiner sous l'angle adéquat. Savoir qu'une table dispose de quatre pieds influe nécessairement sur la représentation qui en est faite et donc sur la compréhension. C'est pour cette raison qu'il existe des systèmes graphiques plus ou moins précis depuis l'esquisse jusqu'au dessin technique notamment.
Ainsi, l'articulation de l'auteur apparait en filigrane, permettant de mieux suivre sa pensée. Cette analyse préalable de l'objet d'étude permet de clarifier le propos avant de l'exposer. Flèches, symboles, personnages, cadres... prendront toute leur importance pour traduire dynamisme et conséquences, ôtant tout caractère statique à la représentation graphique. Poser un dessin, c'est avant tout définir une progression, un raisonnement. Même les artistes les plus abstraits ne dessinaient pas au hasard mais répondaient à des principes d'harmonie, de sens, de philosophie, visant un certain équilibre pour faire passer un message. Il en va de même sur un schéma, croquis ou autre plan. Ils déconstruisent pour reproduire, sous une forme plus ou moins détaillée. Ce n'est pas une approche esthétique qui est alors visée, c'est de l'analytique.
Le graphisme comme outil de démonstration
De la même manière que le dessin permet de construire plus finement une réflexion, la créativité graphique offre de nombreuses formes d'exposition au regard de l'autre. Depuis le powerpoint classique, au prezi en passant par les tableaux, camemberts et autres captation graphiques, l'objectif est d'exposer l'ensemble des éléments du raisonnement pour le rendre intelligible.
Les logiciels et applications informatiques sont légion, mais il est également possible de passer par une version plus classique (voire préhistorique) par le biais de posters et autres collages. Quelques magazines, des ciseaux, un tube de colle et des feutres seront alors des outils efficaces pour les apprenants qui souhaitent modéliser leur pensée sur un sujet au travers d'images. Cette méthode a pour avantage de montrer la différence de perception qui peut exister entre les individus et la nécessité d'envisager l'ensemble des possibles lorsqu'on creuse une question.
La composition de cette affiche sera autant révélatrice de la compréhension et de l'assimilation d'une question par son auteur que celle des spectateurs, ce qui peut s'avérer extrêmement utile dans un cours ou une formation.
La créativité graphique, pour aller plus loin
Dans l'acte même de représenter graphiquement un objet d'étude, il y a la volonté de creuser, de penser autrement, de diverger. A partir du moment où l'enfant rejoint l'école primaire, il privilégie l'outil favorisé par le système scolaire : l'écriture. Le dessin est alors globalement délaissé, conditionnant le raisonnement à partir de mots et non plus d'images. Pourtant, la pensée visuelle (qui intègre aussi bien la poésie) permet aux apprenants d'explorer autrement une question, de libérer l'imagination, pour enrichir la pensée.
L'image permet le rebond, la divergence et la communication. Là où l'orthographe et le vocabulaire peuvent freiner certains, moins à l'aise avec la langue (dyslexiques notamment), le graphisme offre de nouvelles perpectives d'échanges, d'enrichissement. A condition bien sûr que le dessin soit valorisé pour ne pas créer de nouveau blocage, déplacé du linguistique à l'artistique. C'est une occasion supplémentaire de mélanger les techniques, pour gagner en palette d'expression et tendre bers la diversité, la complémentarité.
La créativité graphique est utilisée de façon assez minoritaire aujourd'hui. Toutefois, on constate que les entreprises favorisent de plus en plus ce type d'outils pour mieux réfléchir ou mieux communiquer.
Références
Le dessin technique - Allo Prof
https://www.alloprof.qc.ca/fr/eleves/bv/sciences/sciences-le-dessin-technique-s1405
10 outils web à connaitre pour booster vos présentations - Alexandra Giroux - Presse Citron
http://www.presse-citron.net/10-outils-web-a-connaitre-pour-booster-vos-presentations/
Pensée visuelle : du mindmapping aux organisateurs graphiques - Marco Bertolini - Fromation 3.0
http://format30.com/2014/04/09/pensee-visuelle-du-mindmapping-aux-organisateurs-graphiques/
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