C'est décidé, j'apprends à dessiner. Mais quelles sont les méthodes pour apprendre ? Quels sont les principes pédagogiques derrière ces méthodes ? Est-ce que je risque de perdre en créativité ce que je gagnerai en technique ? Une chose est sûre, le dessin s'apprend un crayon à la main. Préparez votre équipement et allons découvrir quelques méthodes.
Pour rester dans des limites raisonnables, nous nous limiterons au dessin réaliste; voire académique, de portraits et de personnages. Mais cela représente déjà un projet très vaste !
Une affaire de proportions et de formes simples
Certains auteurs vous invitent à réduire les formes complexes à des formes simples. Si vous savez dessiner un oeuf, vous saurez donc dessiner un visage. Vous pouvez dessiner des tuyaux, alors vous pourrez dessiner un corps.
De nombreuses méthodes s'appuient sur ces principes de simplification des formes, à commencer par les pantins articulés en bois. Le corps d'un cheval ? Deux cercles et un rectangle. Sa tête ? un cercle et un triangle !
Tout paraît simple... mais le danger d'adopter un style rigide nous guette. Une autre méthode, tout aussi analytique part de la connaissance des structures de ce qui est dessiné.
Ainsi, les ouvrages du début du XXème siècle montrent une maîtrise très fine de l'anatomie. Ils vous incitent à viser la couche inférieure. Pour dessiner une personne habillée, il faut se représenter le corps, pour dessiner un nu, il faut en avoir une image mentale précise des muscles et du squelette.
Le dessinateur se répète les grands principes au fur et à mesure qu'il dessine. Bridgman, Vanderpoel ou plus récemment Giovanni Civardi sont des auteurs qui portent cette méthode exigeante, faite de connaissance anatomique, de perspective et de construction. Sur cette approche, impossible d'oublier Burne Hogarth, le dessinateur de Tarzan auteur de nombreux ouvrages où les modèles semblent parfois gonflés comme des pneus. Certaines exagérations prêtent à sourire, mais Burne Hogarth a inspiré de nombreux dessinateurs de la deuxième moitié du XXème siècle, comme Gotlib.
Cette approche basée sur une connaissance anatomique a en effet beaucoup inspiré les caricaturistes. Ainsi Tom Richmond, le dessinateur des parodies du magazine Mad nous propose lui aussi une méthode basée sur la connaissance des structures.
La qualité du dessin passe par l'analyse, qu'il s'agisse d'un visage, des postures d'un corps, des mains, des architectures, mais aussi des plis d'un vêtement. Mais nous n'avons utilisé pour l'instant qu'une moitié de notre cerveau, le cerveau gauche, en délaissant le cerveau droit, plus synthétique et plus créatif.
Dessiner avec le cerveau droit
L'approche de Betty Edwards apparaît à l'opposé des méthodes analytiques précédentes. Avec le cerveau droit, vous verrez une globalité, et vous serez sensible aux pleins, comme aux vides. Avec les méthodes précédentes, nous dessinons ce que nous savons plus que ce que nous voyons. Le dessinateur marmonne mentalement les règles de géométrie ou le nom des os et des muscles qui rendent possible la posture dessinée. Betty Edwards nous suggère d'oublier ce que nous savons pour mieux observer, et par exemple de dessiner nos modèles à l'envers. Ainsi, nous nous concentrerons davantage sur les angles, les distances, les vides et les pleins.
Le blog les Yeux fertiles présente la méthode de Betty Edwards et ses apports.
Notons que les deux méthodes ne sont pas si contradictoires. Tom Richmond, que nous avons cité plus haut, passe successivement d'une approche très analytique, à une approche plus globale où l'appréciation des zones vides est essentielle.
Nous avons développé trois approches. La première part de formes simples, de proportions, de règles. La seconde s'appuie sur une connaissance de l'anatomie, des structures, de la perspective. La troisième, enfin, invite à appréhender les pleins, les vides, les angles, les distances... en mettant entre parenthèses ce que l'on sait de l'objet dessiné.
C'est mou tout ça, c'est mou !
Avouons-le. A ce stade, nous savons faire un dessin qui impressionne... surtout nos amis. Les proportions y sont, tout comme la ressemblance, mais les objets ont encore l'air de flotter, ils n'ont pas de masse, et les lignes de force sont mal affirmées.
La solution pourrait bien venir de Mike Mattesi. Mike enseigne le dessin à des professionnels de l'animation. Bien dessiner ne suffit pas, il faut que le dessin ait de la force, pour reprendre le terme qu'il utilise dans ses ouvrages et sur son blog. L'effet recherché résulte d'un contraste entre les droites et les courbes et d'une vision très influencée par la notion de vecteurs.
Soignez votre silhouette
Votre dessin doit être lisible. Il sera regardé en moins d'une seconde... Observez des visiteurs dans un musée. Le temps moyen passé devant une peinture ou une sculpture n'est pas beaucoup plus important.
Depuis des siècles, les peintures, les dessins, les sculptures sont conçus pour être lisibles. Et pour cela, rien de mieux que d'imaginer votre dessin en ombres chinoises. Les idées noires de Franquin, La fin du monde de Franck et Pierre Le Gall sont des sources d'inspiration utiles.
Composer, organiser
Nous savons maintenant dessiner des personnages, des architectures et des objets. Mais pour que l'image ou la page tienne, il nous faut apprendre à composer.
Nous partageons cette préoccupation avec les photographes. Et les règles sont assez proches. La composition est sans doute ce qui posera le plus de difficultés à l'apprenti dessinateur. Car elle oblige à faire des choix, d'une part, et à anticiper les mouvements de l'oeil et les mécanismes de l'attention du spectateur... Il nous faut donc l'inspiration des meilleurs, comme Albert Dorne et Norman Rockwell, qui ont développé une formation par correspondance dans les années 60.
Le périple ne s'arrête pas là. Il nous faudra apprendre les techniques comme l'encre, le fusain, voire le stylo à bille, mais aussi la couleur... Et là encore, nous aurons besoin de technique, d'analyse, mais aussi de vision globale, du cerveau droit, comme du gauche, et de beaucoup de coeur et de persévérance !
De nombreux livres peuvent nous aider à progresser, avec des angles et des parti pris pédagogiques variés. Les sites, les vidéos sur internet sont aussi très nombreux. Mais la méthode d'apprentissage la plus efficace, c'est de pratiquer, pratiquer et pratiquer encore.
L'Iconograf, qui propose une formation à distance pour des personnes qui ont un projet de bande dessinée donne sur son site quelques conseils complémentaires. Ne pas rester seul, se confronter à d'autres étudiants, se constituer une documentation, et travailler sur des sujets de difficulté adaptée.
Illustrations et photo : Frédéric Duriez
Ressources
How to draw caricatures : the mouth - Tom Richmond consulté le 22 mars 2015 https://www.tomrichmond.com/how-to-draw-caricatures-mouths/21/01/2011/
Stage dessin cerveau droit : quelle est donc cette méthode "Betty Edwards", d'où vient-elle et que vaut‑elle ? Vincent Rousseau consulté le 22 mars 2015
http://www.lesyeuxfertiles.fr/blog/blog-stages-creatifs/stage-dessin-cerveau-droit-quelle-est-donc-cette-methode-betty-edwards-d-ou-vient-elle-et-que-vaut-elle
How to draw Force - Mike Mattesi, consulté le 22 mars 2015
http://www.drawingforce.com/
L'art et la manière de composer - lenses
https://www.lense.fr/news/lart-et-la-maniere-de-composer/
Composition : How to make pictures - cours par correspondance Dorne, Rockwell,...
http://animationresources.org/instruction-composition-how-to-make-pictures/
L'iconograf, apprendre la bande dessinée
http://www.liconograf.com/
Chaînes Youtube :
Sycra
https://www.youtube.com/user/Sycra
Stan Prokopenko
https://www.youtube.com/user/ProkoTV
Will Terrell
https://www.youtube.com/user/willterrell2001/
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