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Publié le 08 mars 2015 Mis à jour le 08 mars 2015

Sepultura nuclear deserta - Comment informer d'un site d'enfouissement nucléaire ?

Comment prévénir les futures générations des sites d'enfouissement des déchets nucléaires?

Les sociétés ont souvent considéré le sous-sol comme l'endroit où nos rebuts pouvaient terminer leur carrière. Retourner à la terre ce qui vient de la terre, c'est l'idée justificative parfaite. Cela n'était pas complètement fou quand cela concernait des matières organiques comme la nourriture ou le bois. Nous ne savions toutefois pas que nous allions créer des polymères, des plastiques et des objets d'alliages qui prendraient des siècles à se de decomposer. Et il y a pire que ces rebuts.

L'énergie nucléaire a peut-être l'avantage de produire peu de dioxyde de carbone, mais ses déchets sont extrêmement dangereux. Le raz-de-marée qui a frappé la centrale japonaise de Fukushima en mars 2011 l'a rappelé à la dure et les répercussions de la catastrophe de Tchernobyl en 1986 résonnent encore. Or, on le sait, de nombreux pays dépendent de cette production énergétique dont la France pour qui cette industrie représentait, en 2010, près de 75 % de son électricité. Ainsi, c'est plus de 80 000 m3 de rebuts très radioactifs qu'il faut enfouir loin dans le sous-sol français. Pour l'instant, les autorités misent sur le site de Bure, communauté entre la Meuse et la Haute-Marne.

Toutefois, le projet rencontre des problèmes. Parce que l'échéancier est trop tendu étant donné son importance et qu'il y a une forte résistance des habitants de la région qui ne veulent pas voir leur milieu de vie devenir un immense dépotoir pour déchets nucléaires. Il y a aussi les groupes antinucléaires qui affirment même que l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) a dissimulé délibérément les sources géothermiques de Bure et aussi le fait que ces rebuts pourraient polluer des nappes phréatiques souterraines.

La question de l'enfouissement

Le dossier de Bure rappelle une question fort importante qui a été discutée dans un colloque international à Verdun en septembre 2014 sur comment alerter les futures générations de ce cadeau souterrain empoisonné. Parce qu'ici, nous ne parlons pas de rebuts qui perdurent 100 ou 500 ans dans le sol avant de se désagréger, mais bien de milliers, voire de millions d'années. S'il y a encore des humains sur Terre à ce moment, comment les prévenir du danger sous leurs pieds? Après tout, nous ne pourrons pas empêcher des archéologues et anthropologues de l'an 5000 de vouloir connaître ce qui a été enfoui par les civilisations antérieures. Du coup, jouer la carte de l'oubli ne semble pas possible ni éthique.

Alors, que faire? Certes, l'électronique semble un choix évident en cette époque connectée, mais on le sait, les données électroniques se perdent vite. Et qui nous dit que les systèmes mis en place en 2015 ou 2025 seront encore pertinents en 3025? Certains chercheurs proposent donc l'usage de cette ancienne technologie qui a toutefois fait ses preuves en terme de durabilité : le papier. Parchemin ou papyrus, ces documents ont montré leur pérennité… du moins en matière de siècles. Mais quand on parle de millénaire, vaut mieux peut-être se pencher vers quelque chose de plus permanent comme un disque en pierre dans un matériau très résistant. Mais quoi écrire? Un simple « Ne pas creuser! Danger! » risque, au contraire, d'attiser les curiosités. Il faudrait donc non seulement y mettre les coordonnées, mais aussi une description du type de rebuts qui s'y trouvent. Et dans quelle langue? Pour des experts, il serait plus pertinent que ce soit dans de vieilles langues comme le latin ou le grec ancien qui n'ont pas évolué depuis et qui seront supposément comprises par les élites des générations suivantes. Ajouter un langage asiatique ne serait pas superflu non plus.

Il y a aussi la proposition de changer la toponymie d'un endroit pour susciter la curiosité des futurs humains. Par exemple, Bure pourrait devenir « Bure-sur-Atome », un nom qui déclencherait des questions et des recherches dans les archives humaines. Enfin, certains proposent de créer des constructions comme avertissement. Un peu comme les Japonais qui mettaient des stèles à chaque tsunami pour montrer aux descendants jusqu'où l'eau pouvait monter.

Évidemment, l'idéal serait de ne pas avir à enfouir tous ces déchets. Et qui sait, peut-être de futurs étudiants en génie sont en train de développer une technologie pour s'occuper adéquatement des restes de la production nucléaire. Sauf qu'à court terme, nous n'arrêterons visiblement pas les enfouissements. Toutefois, pour éviter que le sous-sol ne menace les futurs humains, il faudra s'assurer de trouver un moyen pour transmettre l'information aux générations suivantes.

Illustration : Adam Gregor, shutterstock

Références :

Jouan, Anne. "Menace Sur Le Stockage De Déchets Nucléaires à Bure." Le Figaro. Dernière mise à jour : 5 janvier 2015. http://www.lefigaro.fr/sciences/2015/01/05/01008-20150105ARTFIG00283-menace-sur-le-stockage-de-dechets-nucleaires-a-bure.php.

Le Hir, Pierre. "Le Cimetière Des Déchets Nucléaires Sera Testé En 2025." Le Monde.fr. Dernière mise à jour: 6 mai 2014. http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/05/06/stockage-des-dechets-nucleaires-a-bure-une-phase-pilote-en-2025_4412463_3244.html.

Le Naire, Olivier. "Enfouissement Des Déchets Nucléaires: Comment Alerter Nos Descendants?" L'Express. Dernière mise à jour : 8 novembre 2014. http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/enfouissement-des-dechets-nucleaires-comment-alerter-nos-descendants_1619017.html#.


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