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Publié le 01 mars 2015 Mis à jour le 06 janvier 2022

L'enseignement explicite : une méthode adaptée pour les élèves en difficulté

La méthode de l'enseignement explicite prend du galon grâce à des études qui vantent ses effets sur les élèves en difficulté

Il y a une petite guerre dans le milieu de l'éducation. Pas de panique, ce conflit n'a rien de dangereux. Il n'est qu'idéologique. Quel est l'objet de la division? La méthode pédagogique. Certains croient qu'en 2015, il faut choisir des approches plus actives et qui laissent les élèves plus autonomes au coeur de leur formation.

Or, un autre camp, celui d'un enseignement plus explicite est en train de reprendre de la vigueur depuis quelques années. En fait, selon certaines études, cette méthode serait même plus efficace pour enseigner la lecture, l'écriture et les mathématiques. Aurait-on fait fausse route toutes ces années? Le portrait est plus nuancé que cela.

Explicite n'est pas que magistral

Même s'il s'agit d'une méthode plus « passive », il serait plus qu'erroné de croire que l'enseignement explicite n'est qu'une nouvelle façon de nommer les cours magistraux. En fait, l'enseignement explicite demande un travail en amont fort essentiel de l'enseignant qui doit d'abord préciser les objectifs d'apprentissage et identifier les idées maîtresses à inculquer. Il lui faut en outre connaître les connaissances préalables des enfants, planifier sa stratégie et développer des dispositifs d'apprentissage (ex. : maquettes, cartons, diaporamas, vidéos) et de révision.

Ensuite, les cours se déroulent en trois volets. La première partie est le modelage. À cette étape, le professeur explique à haute voix et avec les dispositifs préparés les raisonnements impliquant le où, le quand, le comment, le pourquoi et autres questions liées à une connaissance. Ainsi, il décrira explicitement tout le cheminement qui l'amène à régler un problème.

Par la suite, une fois la nouvelle notion inculquée, c'est la pratique guidée qui se met en place. On crée des binômes d'élèves qui effectuent des travaux ou exercices qui poursuivent ce qui vient d'être appris. Le professeur doit être très présent et immédiatement reprendre les élèves qui s'égarent. Le principe d'équipe permet aussi aux enfants de s'aider et se corriger entre eux. Le but est de consolider les acquis jusqu'à la phase 3, la pratique autonome. À ce moment, l'enfant pratique les concepts en solitaire. Toutefois, la présence du prof est toujours importante puisqu'il peut voir qui a encore des difficultés de compréhension et les aider individuellement. Cette vidéo conçue par la plateforme ontarienne Cyberprofs montre très bien les différentes étapes de la méthode.

Aider les élèves en difficulté

Mais pourquoi cette approche revient-elle peu à peu dans l'actualité éducative? C'est que, comme nous le disions plus tôt, elle serait fort efficace, particulièrement auprès des élèves en difficulté. Pour des experts, ces enfants ne réagissent pas aussi bien aux approches qui les laisse apprendre par eux-mêmes. Ils ont, au contraire, un besoin d'encadrement et d'un processus de consolidation plus fort pour que les apprentissages restent de façon permanente dans leur mémoire. Une méta-analyse de différentes études faite en 2010 démontrait d'ailleurs que cette méthode était excellente pour les matières de base comme le français et les mathématiques pour ce type d'élèves.

Toutefois, comme le précise le chercheur Clément Gauthier dans un papier publié en novembre 2014, il ne faudrait pas voir cette approche comme un nouveau dogme. D'autant plus que d'autres études et expériences ont montré aussi des impacts positifs de pédagogies plus participatives auprès des élèves en difficulté. Cependant, en regardant les enquêtes publiés dans les dernières années, cette méthode pédagogique serait plus valable pour ces enfants que d'autres.

Par contre, il faut savoir qu'elle est extrêmement exigeante pour le professeur. Elle lui demande non seulement une plus grande préparation de cours, mais aussi une surveillance étroite des apprentissages et activités des élèves. Les rétroactions doivent être nombreuses pour s'assurer que l'apprenant reste toujours dans le droit chemin. Une méthode qui n'est donc pas de tout repos et qui devrait être, selon des intervenants, priorisée pour les matières de base.

Illustration : Olesya Feketa, shutterstock

Références

Appy, Bernard. "L'enseignement Direct Explicite." Vimeo. Janvier 2015. https://vimeo.com/116754801.

Roger Alphonse, Jean, and Raymond Leblanc. "L’enseignement Explicite : Une Stratégie D’enseignement Efficace En Lecture, En écriture Et En Mathématiques, Pour Les élèves Ayant Un Trouble D’apprentissage." Association Ontarienne Des Troubles D’apprentissage (LDAO). Consulté le 26 février 2015. http://www.taalecole.ca/classroom/literacy/lenseignement-explicite/.

Tagne, Gustave, and Clément Gauthier. "L'enseignement Explicite, Une Approche Structurée Pour Faciliter L'apprentissage Des Compétences." Form@PEx. Dernière mise à jour : 2 décembre 2014. http://www.formapex.com/les-principes-de-base/1161-lenseignement-explicite-une-approche-structuree-pour-faciliter-lapprentissage-des-competences.


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