Plutôt que de bloquer les données dans un système d’agrégation en silo (base de données relationnelles ou portail), le LOD permet d’aller chercher les informations là où elles se trouvent déjà, en les classant, en les structurant et en les plaçant d’une manière normalisée sur le web, en lien avec d’autres données sur le même sujet.
Les données sont ainsi accessibles par les moteurs de recherche habituels et plutôt que de rester dans le web invisible des bases de données institutionnelles que l’on consulte si on les connaît d’avance, les informations deviennent plus visibles sur le parcours normal des internautes, chercheurs ou visiteurs.
Dans les musées
L'American Art Collaborative est un regroupement de quatorze musées américains consacré à « établir une masse critique de données ouvertes et reliées sur l’art américain ». Sur le site de l’AAC, on explique les raisons de ce projet de création de données ouvertes et liées, lancé à l’automne 2014 : le LOD (linked open data) peut améliorer la compréhension et l’appréciation de l’art, en le rendant plus accessible grâce à un outil de recherche qui va au-delà de ce que permettent les bases de données en silo de chacune des institutions muséales et culturelles, une interface publique qui sera utile autant aux chercheurs, étudiants et professeurs qu’aux visiteurs de musées.
Grâce à une bourse de la fondation Andrew W. Mellon accordée à l’American Art Museum de la Smithsonian Institution, le projet mené par la consultante en arts et technologies, Eleanor E. Fink, s’est amorcé par une phase de planification qui servira aux musées participants à définir une vision et un modèle communs et à formuler les étapes du travail. Par la suite, le collectif se lancera dans la conversion et la publication en ligne des données de chacun des musées en linked open data, puis dans le développement d’applications destinées à la recherche et à l’éducation, à partir de ces données disponibles en ligne et reliées.
Apprendre
C’est un véritable cours sur le web sémantique et les données ouvertes, et sur ses applications dans le monde muséal, qu’on trouve sur le site de l’American Art Collaborative. En effet, les présentations données par des experts du LOD dans le cadre de la phase de développement de l’AAC sont mises en ligne et accessibles à tous (le monde muséal américain peut encore cette fois servir de modèle en matière de service public et d’accessibilité). Certaines de ces présentations, qui serviront au développement du modèle commun pour tous les musées du regroupement, sont filmées et suivies de périodes de questions.
C’est dans la section Info qu'elles sont regroupées : introduction au web sémantique et à ses outils, présentation sur les vocabulaires et structures de données normalisés nécessaires au LOD, exemples de musées ayant fait des projets en LOD, etc. Malgré la qualité d’enregistrement du son qui laisse à désirer par moments, quiconque s’intéresse au Linked Open Data ou qui veut le comprendre y trouvera des ressources inestimables (en anglais).
La présentation d’Emmanuelle Delmas-Glas porte sur un projet LOD réalisé au Yale Center for British Art (YCBA), en collaboration avec le British Museum et CIDOC, sur la base de travaux déjà existants, au Getty notamment, cette concertation étant un des aspects essentiels au LOD, explique la responsable de ce projet dont le but est de raconter des histoires plus complètes sur les oeuvres de la collection en liant les données disponibles sur cette collection à d’autres bases de données. La session de questions à la fin de la présentation éclaire presqu’autant que la présentation elle-même, certaines questions provenant de non-experts qui s’interrogent sur les éléments pratiques du projet.
Pour les bibliothèques
Des présentations en français très éclairantes sur le linked open dataet ses applications en bibliothèques sont également disponibles en ligne, sur le site WebTV du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Ce sont des enregistrements vidéo de conférences données lors de la deuxième journée d’études tenus en novembre 2014 à la Bibliothèque nationale de France, Les catalogues au défi du Web - Saison 2.
Emmanuelle Bermes, adjointe scientifique technique à la direction des services et réseaux de la BnF, y fait une présentation (Enjeux, évolutions techniques : Web sémantique et Web de données) d’une quarantaine de minutes où elle explique le LOD d’une manière agréable et absolument limpide. Elle raconte l’histoire du LOD, en décrit les méthodes et des exemples d’applications. Sa conférence s’avère très utile pour comprendre les données ouvertes et liées, les identifiants uniques (URI), la grammaire commune nécessaire à la mise en œuvre du LOD (les triplets) et les modèles de relations entre les données (graphes).
Elle définit des cas d’application dont le premier est de publier des données de qualité, multi-langues éventuellement, avec des référentiels existants qui auparavant ne se parlaient pas (par exemple archives et bibliothèques, auxquelles on pourrait ajouter les musées) et relier des documents de formes diverses (livres, objets de collection, archives, expositions virtuelles, etc.). Une autre application du LOD est de rendre les données plus visibles dans les outils du web courant et de permettre la réutilisation des données accessibles sous licences ouvertes. Pour comprendre le LOD, il s'agit d'un incontournable.
Sources
American Art Collaborative : http://americanartcollaborative.org/ [consulté le 23 février 2015]
Conférences Les catalogues au défi du Web - Saison 2, sur le site WebTV CNFPT, conférence d'Emmanuelle Bermes : http://video.cnfpt.fr/conferences-1/les-catalogues-au-defi-du-web-les-bibliotheques-sur-le-web [consulté le 23 février 2015]
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