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Publié le 02 février 2015 Mis à jour le 02 février 2015

Organiser l'école autrement

L'exemple des Écoles communautaires entrepreneuriales consciences

Changer notre manière de voir l’éducation, favoriser la créativité, faire ressortir les talents cachés, autant d’idées qui émergent périodiquement et qui démontrent le besoin récurrent de repenser les paradigmes pédagogiques en place.

En 2010, dans une de ses célèbres conférences TED, Ken Robinson déclarait qu’il fallait entièrement repenser les paradigmes éducatifs au regard des évolutions techniques et sociétales. Pensée pour des élites riches avant l’arrivée de l’école publique, l’éducation actuelle ne préparerait plus, selon lui, les élèves au monde dans lequel ils vivent.

Même si l’on se rallie à cette idée, il est rare que l’on ose ou que l’on puisse véritablement réformer le système en place. C’est pourtant ce qu’a fait, il y a quelques années, Rino Levesque, alors directeur d’une école au Québec. Face à l’absentéisme, à l’échec scolaire et au découragement des enseignants, il a opté pour un changement radical du mode de fonctionnement de son établissement. Il instaure ainsi une éducation basée sur l’entrepreunariat coopératif. Son projet, « SAC-Entrepreneuriat » repose sur 4 piliers : Sport et santé, Arts, Culture (SAC) et Entreprenariat. Tout en favorisant le bien-être physique et la créativité, le programme vise à développer, dès le plus jeune âge, une culture de l’entrepreunariat.

L’apprentissage ne doit donc pas uniquement transmettre des connaissances, mais également et surtout permettre aux enfants de s’entreprendre, de créer l’innovation. Pour ce faire, il est impératif de faire confiance aux élèves, de croire en leurs capacités et de soutenir leur vision.

De petits entrepreneurs

Concrètement, plusieurs projets sont nés dans son école rebaptisée l'école Des Cœurs-Vaillants. En cours de français, en lieu et place d’un apprentissage uniquement basé sur l’étude stricte des règles grammaticales, les élèves ont écrit les histoires, rédigé les 4ème de couverture et réalisés les illustrations de leurs livres, comme dans une véritable maison d’édition.

En cours de math, face à la disparition récurrente des gommes et crayons, des élèves de 7 ans ont réalisé une étude de marché afin de connaître les besoins de la classe et de planifier les achats de ces fournitures scolaires en conséquence. Poussant le concept «jusqu’au bout», ils ont nommé leur nouvelle activité «le bureau en petit».

Les enseignants jouissent aussi d’une certaine liberté dans leur enseignement et sont encouragés à utiliser et transmettre leurs passions afin de faire naître des projets collectifs et encourager la coopération. Ainsi, une enseignante a exploité sa passion pour la chorale afin de redonner confiance à des élèves en grande difficulté et de favoriser leur réussite scolaire. La petite chorale a ensuite été invitée à se produire dans de nombreuses manifestations de la ville, créant ainsi un pont entre l’école et la communauté.

Impliquer la communauté

Le caractère réellement innovant de ce concept qui le démarque de bon nombre de réformes pédagogiques réside dans sa volonté de créer des liens plus forts entre l’établissement scolaire, la famille et la communauté. Le programme invite en effet la communauté à «travailler de concert (…) dans une perspective d’éducation globale propre à contribuer à un nouvel équilibre social, économique et écologique». Il  souhaite également amener les enfants à être fiers de leur culture et à s’engager pour leur communauté. L’école et l’éducation ne sont ainsi pas perçues comme de la seule responsabilité des enseignants, mais comme le devoir de tous.

Quelles inspirations pour le quotidien des enseignants ?

Mais que peut apporter cet exemple au quotidien des enseignants qui travaillent dans une école «classique» ? Comment s’inspirer de ce type de projet dans un contexte où le programme pédagogique à suivre est strict et chargé ? En dehors de toute considération pratique, la question même du rôle de l’école se pose. Opter pour une vision entrepreneuriale n’est pas anodin, est-ce bien là le rôle des enseignants ?

Sans révolutionner le système en place, il est possible de s’inspirer de la volonté d’innovation de ces écoles. Proposer de temps à autre des projets concrets en lien avec la société dans laquelle les élèves évoluent.

Ne pas se dire d’avance qu’ils ne sont pas assez «forts» mais avoir confiance en leurs capacités et surtout, garder à l’esprit que d’autres modèles pédagogiques sont possibles.

 

Références :

Conférence TED de Rino Levesque « Une école pour révolutionner-les-écoles » : http://www.tedxquebec.com/conferences/une-ecole-pour-revolutionner-les-ecoles/

Article Infobourg : « Apprendre à s’entreprendre. Un modèle qui veut révolutionner l’école » : http://www.infobourg.com/2015/01/20/apprendre-a-sentreprendre-un-modele-qui-veut-revolutionner-lecole/

Site internet des Écoles communautaires entrepreneuriales consciences (ECEC) : http://www.oiecec.org/fr/


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