Nous percevons un éléphant, un vélo ou ordinateur comme des objets entiers avant d’en voir les parties, trompe, dérailleur, clavier. Mais nous pouvons également voir une trompe, un dérailleur ou un clavier et savoir à quoi ils appartiennent; nous les considérons aussi comme des éléments entiers avant d'en percevoir les poils, les engrenages ou les touches.
Une des caractéristiques de l’intelligence est la capacité de discernement et cette capacité est favorisée par le contexte : connaissant le contexte, on peut rapidement préciser quels sont les éléments importants et ignorer les autres.
Notre tendance vers l’optimum, c’est à dire le maximum de résultats pour le minimum d’efforts, concerne aussi nos perceptions et nos processus mentaux. Pourquoi se casser la tête à réfléchir et se rappeler alors que l’on peut tout simplement regarder ou encore demander à Google ?
Dans la création de cours, les étudiants doivent faire les connections entre les concepts pour comprendre et apprendre; alors autant mieux faciliter les connexions et s’arranger pour qu’ils n’en ratent pas. Il existe 6 lois de la perception identifiées dans la Gestalt. Certaines d’entre elles sont connues intuitivement depuis bien plus longtemps. Utiliser ces lois rend les cours plus fluides et faciles à suivre; on enrichit le contexte et supplée à l’absence de la matière physique à étudier.
Manipuler des cellules ou des électrons, des bits ou pixels, des facteurs ou des moyennes finit par laisser une impression de vide si on ne facilite pas un peu les choses.
Six lois de la perception
Loi de la similarité et du contraste
Les éléments qui ont la même apparence seront regroupées ensemble dans l’esprit du lecteur.
Ce regroupement peut se faire aussi bien dans l’espace que par une étiquette, une couleur, une forme, une fonte, etc. Les principes de navigation ou de classement utilisent cette loi. Les choses sans relations apparaîtront évidemment dissemblables. Ne pas le faire peut amener à la confusion, à l’association d’éléments sans lien.
Loi de la proximité
Les éléments physiquement rapprochés paraissent connectés les uns aux autres et sont considérés comme pouvant avoir un rapport.
Le rapport peut être hiérarchique, symbolique, affectif, mathématique ou autre, mais une fois que la convention est connue, l’espace entre les éléments joue sur leur qualification dans la tête des gens.
Loi de la simplicité (Pragnanz)
Les images complexes ou vagues sont interprétées selon leurs termes les plus simples.
Un gros paquet de noeuds est interprété comme un ensemble chaotique de noeuds, les noeuds étant l’élément le plus simple identifié. Une page trop chargée sera interprétée comme une «page compliquée», ceci étant l’élément le plus simple reconnu. Phrases trop longues, mots rares et savants non-définis, amènent le lecteur à reconnaître ce qu’il connaît bien… que c’est un texte qui n’est pas pour lui. Alors, un minimum de simplicité est nécessaire et adapté au niveau des étudiants.
Loi de la complétion
L’esprit tend à compléter ce qui manque à partir de ses connaissances acquises et de son expérience.
En pratique, on se saisira de tout élément pouvant aider à relier ce qui est présent en un ensemble cohérent, même si l’élément en question est totalement absent.
Dans l’exemple présenté ici, il n’y a aucun triangle blanc, et pourtant nous «voyons» bien un triangle blanc. C’est ce que nous faisons quand nous remplaçons les mots que nous ne comprenons pas par des synonymes approximatifs. Les effets de cette loi peuvent être désastreux, autant mieux ne pas laisser de «trous» à compléter.
Loi de la continuité
Quand nous percevons une règle liant des éléments, nous préférons suivre la même règle plutôt que d’en changer, assumant que les éléments qui partagent cette règle sont liés au même ensemble.
Une balle suit une trajectoire, un oiseau vole dans une direction, un fil directeur accompagne une idée. Si on change de direction, alors c’est qu’il doit s’agir d’une idée différente ! Simple. Ainsi on est mieux de mener une idée jusqu’à sa conclusion générale plutôt que de digresser dans des ramifications, quitte à y revenir plus tard.
Loi du sort commun
Ce qui se déplace ensemble fait partie du même ensemble
Les rayures du tigre ne se déplacent pas comme les tiges des graminées. Le tigre ne fait pas partie du champ. Simple question d’évolution, cette «programmation» nous permet d’associer des particules en mouvement en des ensemble cohérents. Est-ce la même chose pour les idées ? On peut le supposer.
Un cours fluide respecte ces règles simples, souvent intuitivement. On peut évidemment prendre d’autres chemins expérimentaux, qui sait ce que l’on pourra découvrir, mais le fait est que nos circuits de perception et de traitement de l’information sont «câblés» d’une certaine façon et que d’en tenir compte au moment de la conception de cours et de sites de formation mène à de meilleurs résultats.
Références
Laws of Organization in Perceptual Forms
- Max Wertheimer (1923)
http://psychclassics.yorku.ca/Wertheimer/Forms/forms.htm
Gestalt Laws of Perceptual Organization - Kendra Cherry - About.com
http://psychology.about.com/od/sensationandperception/ss/gestaltlaws_2.htm
How To Use The 6 Laws of Perception in eLearning - Christopher Pappas - E-learning Industry
http://elearningindustry.com/tips-use-6-laws-of-perception-in-elearning
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