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Publié le 20 janvier 2015 Mis à jour le 20 janvier 2015

Génocide(s) expliqué(s)

Exposition virtuelle sur le génocide au Rwanda

Capture d'écran Exposition au Mémorial de la Shoah : Rwanda 1994 Le génocide des Tutsi

Une exposition sur le génocide des Tutsi au Rwanda a été réalisée en 2014 par le Mémorial de la Shoah de Paris, en collaboration avec Ibuka-France, (Association pour la mémoire, la justice et le soutien aux rescapés), pour la 20e année de commémoration.

L’exposition se poursuit en ligne, heureusement, et constitue une ressource incontournable sur le génocide rwandais et sur les génocides.

C’est un exemple d’internet à son meilleur que l’on voit ici : donner accès à des témoignages et à des informations scientifiques, politiques, historiques à propos du génocide rwandais et de ces formes extrêmes de cruauté et de déshumanisation que sont les génocides. Une information essentielle à laquelle on a accès, grâce aux technologies, et qui explique les événements dans leur complexité, de manière nuancée et fouillée, pour les comprendre et, peut-être, les prévenir.

Marcel Kabanda, président de l'association Ibuka et l'un des coordonnateurs de l'exposition, en décrit les objectifs dans une vidéo de présentation : chercher à savoir, s’approprier cette réalité, avant de la garder en mémoire, montrer ce qu'on peut montrer et permettre aux rescapés en France de rendre hommage à leurs parents et à leurs proches assassinés, comme le font les mémoriaux rwandais, s’approcher de la réalité du génocide. Dans sa partie en ligne, on peut dire que l’exposition en ligne atteint pleinement ce dernier objectif. Découpé en sections sur les spécificités du génocide des Tutsi, ses racines, les forces en présence, sur la résistance et le sauvetage, le site est composé de témoignages, de textes illustrés et de documents d’archives, parmi lesquels des preuves d’une volonté politique d’extermination des Tutsi au Rwanda.

Analyser sans préjugés

Outre ce matériel, on peut visionner les enregistrements d’un colloque, tenu en 1993, intitulé Que savait-on en 1993 ?, c’est-à-dire un an avant le génocide. Des experts, historiens, avocats, défenseurs des droits de l’homme, rwandais, français et belges, se succèdent pour expliquer les événements atroces d’une façon absolument rigoureuse.

Dans sa présentation, Jean-Pierre Chrétien, historien-chercheur spécialiste du continent africain contemporain, parle de la présence des signaux précédant le génocide : intégrisme ethnique, langage raciste et propagande qui diabolisent les Tutsi, dénonciation d’actes génocidaires antérieurs, massacres organisés. Et il répond à la question suivante : comment pouvait-on ne pas y croire ?

Un tel événement est tellement inouï et inacceptable, dit-il, qu’on a du mal à en imaginer la réalisation. Il explique que l’ensemble des processus, des complicités, des décisions ou de l’absence de décisions, pour arriver à un événement comme celui-là est complexe, qu’il n’y a pas de fatalité en histoire ni dans cette histoire particulière qui aurait pu être évitée.  Malgré l’éveil démocratique du pays à l’époque, il y avait amplement matière à inquiétude en face du racisme repris par le pouvoir, une situation qu’on n’analysait pas à l'aide de catégories universelles mais avec des catégories archaïques réductrices (et racistes) découlant de l’époque coloniale (en la comprenant comme une guerre interethnique et une situation normale en Afrique).


Entendre les témoignages

Dans l’enregistrement d’une autre partie du même colloque, on entend le témoignage d’une rescapée,  Speciosa Mukayiranga, lu par Dafrosa Gauthier, membre fondateur d’Ibuka France et du Collectif des parties civiles pour le Rwanda. Ce témoignage raconte les massacres et la persécution des (soi-disant) Tutsi, commencés bien avant 1994 et vécus par elle dès son enfance dans les années 1960. Menaces de morts, assassinats, tortures, viols, exclusions, humiliations, se répètent jusqu’à 1994. Pour cette rescapée sauvée par miracle, qui a tout perdu, la prise de parole pour la mémoire doit se faire pour rendre justice aux morts : chaque survivant est un musée qu’il faut honorer et garder.

Une psychologue clinicienne qui a passé plus d’un an à soigner des rescapés explique les effets de ces traumatismes cumulatifs. Dans une autre partie du colloque présidée par Bernard Kouchner, sur la réaction de la société civile au Rwanda et dans le monde face à la menace du génocide, Ndoba Gasana, professeur à l’Université de Butare au Rwanda, explique de quelle façon, face à la répression, les associations et comités de défense des droits de l’homme et militants au Rwanda et à l’international ont sonné l’alarme et diffusé l’information, ont appelé à l’action ; l’absence d’une réponse adéquate à l’international a contribué à mener à ce que l’on sait.

Un site à consulter sans faute pour comprendre dans sa complexité ce qu'est le génocide rwandais et ce que sont les génocides.

Sources

Exposition Rwanda 1994 Le génocide des Tutsi : http://www.memorialdelashoah.org/rwanda/index.html [consulté le 19 janvier 2015]

Association IBUKA : http://www.ibuka-france.org/ [consulté le 19 janvier 2015]

À lire aussi :

On lira également à ce sujet, la description des huit étapes d’un génocide et des moyens de prévention à chacune des étapes, sur une page du Centre commémoratif de l'holocauste à Montréal.


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