Recherches et découvertes se multiplient dans l’univers des sciences devenues, selon Jean-Paul Baquiast, « convergentes et en croissance accélérée ». Dans son article paru sur médiapart, «Perspectives des sciences et technologies dans les prochaines décennies», il explique que «tout progrès se manifestant dans l’une se répercute sur toutes les autres», employant ce terme de progrès au sens «d’approfondissement des connaissances».
L’apparition de nombreux matériaux, hier encore inconnus, et les recherches autour de leur potentiel nous apportent régulièrement la confirmation de ce constat.
On apprend ainsi en parcourant le site de l’AUCC (Association des Universités et Collèges du Canada), qu’un groupe de chercheurs, canadiens et ivoiriens, travaille à la conception d’un prototype de traitement d’eau de consommation pour une utilisation en milieu rural, «en utilisant des résidus agricoles susceptibles de conduire à des matériaux filtrants de haute qualité».
Mais que ces matériaux concernent nos objets électroniques, la médecine, le bâtiment ou encore l’environnement, comment le grand public, le néophyte, ou encore l’élève, l’étudiant ou même le formateur peut-il s’y retrouver, voire s’impliquer, confronté à la masse d’informations et d’articles consacrés à la question, et plus ou moins abscons ?
Une multitude d’informations
On nous parle en effet de nanotechnologies, d’ordinateurs biologiques, de matériaux biomimétiques, de nouveaux procédés et de matériaux révolutionnaires.
C’est ainsi qu’on peut lire dans une revue comme Pour la science que nous serions passés de l’électronique à l’oxytronique. Cet article présente les oxydes dont l’utilisation permet d’améliorer les performances des microprocesseurs présents dans ces outils qui peuplent notre quotidien, qui nous permettent d’être connectés en permanence et dont la taille ne cesse de diminuer pour répondre au mieux aux attentes et usages des utilisateurs. Ailleurs, sur le site du figaro.fr, dans un article consacré aux puces électroniques, on pourra trouver des informations (complémentaires). On y lira en effet que, associés à un matériau métallique, ces oxydes servent d’isolants, rôle majeur pour empêcher «les courants de fuite» et pour limiter ainsi la consommation d’énergie et maintenir un temps de charge suffisant pour nos mobiles. «Pour les isolants, l’oxyde de hafnium est devenu très prisé, pour les petites dimensions», y précise Catherine Dubourdieu, directrice de recherche au CNRS.
Mais au-delà de ces articles qui visent à nous sensibiliser à l’évolution du monde qui nous entoure, quelles autres approches peuvent nous permettre de décrypter ces termes qui souvent peuvent paraître obscurs si ce n’est rédhibitoires ?
La vulgarisation avant tout
Il existe bel et bien un véritable souci de vulgarisation affirmé par des organismes, fondations ou associations comme par exemple la chaire La Physique Autrement qui émane du Laboratoire de Physique des Solides, unité mixte de recherche de l’université Paris-Sud et du CNRS. Sur le site du Laboratoire d’ailleurs, un onglet porte l’intitulé «vulgarisation» et renvoie vers des évènements grand public, des petits séminaires ou encore des articles de vulgarisation… et nous dirige bien entendu vers le site de l’équipe de La Physique Autrement.
Celle-ci «développe une activité de recherche sur de nouveaux modes de présentation et de diffusion des recherches en physique des solides vers le grand public et le monde éducatif.» On peut ainsi lire en ligne des articles fouillés, comme celui écrit par le chercheur Julien Bobroff sur la supraconductivité magnétique et la fabrication de matériaux supraconducteurs plus performants.
Mais surtout cette entité propose des animations, des ateliers en direction du grand public ou du monde scolaire, des formations et des workshops qui s’adressent aux formateurs et enseignants des matières scientifiques. Elle possède une chaîne youtube qui propose de nombreuses vidéos ludiques et éducatives, elle participe à la réalisation d’expositions, visibles dans des espaces comme la Cité des Sciences à Paris. Et elle met à disposition toutes sortes d’outils comme par exemple un dossier adaptable qui permet de transformer un TP en une BD, pour garder une mémoire du travail réalisé ou encore le partager. Ce dossier zippé est téléchargeable depuis le site et son utilisation est facilement exploitable par les élèves, il est composé d’images, d’un fichier modèle Powerpoint et d’un fichier modèle html. De quoi partager sa science, collaborer et participer, à son niveau, à la vulgarisation… Ces activités qui initient et forment un public varié sont en outre relayées par les médias, les membres de l’équipe ont ainsi été invités à plusieurs reprises à l’émission la Tête au carré, sur France Inter.
D’autres organismes travaillent également à la vulgarisation des sciences. C’est le cas de La main à la pâte dont l’approche pédagogique centrée sur l’expérimentation, l’observation et l’analyse permet d’initier les plus jeunes à la démarche scientifique et à la compréhension du monde. Sur son site, la fondation met à la disposition des enseignants de nombreux dossiers, des projets thématiques qui «proposent des ressources clés en main pour le maître, un site internet dédié, des outils multimédias… et donnent lieu à des formations spécifiques pour enseignants et formateurs».
On y trouve également des activités détaillées pour la classe autour de thèmes aussi divers que la décomposition des feuilles ou les mélanges de liquides. La fondation propose aussi une documentation pédagogique et scientifique très vaste au sein de laquelle certains dossiers font écho au sujet qui nous concerne ici : les «matériaux de construction et (le) développement durable», «29 notions-clefs : les matériaux», et notamment «la plasturgie : une métallurgie des matériaux polymères», ou encore «pourquoi s’intéresser aux propriétés des matériaux» où l’on peut lire en particulier que : «Cette évolution de la maîtrise, par l’humanité, de la transformation des matériaux naturels, a conduit à la très grande diversité de matériaux actuellement disponibles, permettant de répondre à une plus grande variété de besoins (…)»
On peut citer aussi universcience.tv, la WebTV scientifique hebdomadaire de la Cité des Sciences et du Palais de la découverte à Paris, qui propose des vidéos claires et concises, comme celle consacrée aux usages multiples de nouveaux matériaux, dans des domaines aussi variés que le milieu médical ou de l’industrie automobile. On y découvre ainsi la mise au point de circuits électroniques capables de se résorber complétement sous certaines conditions.
Le réseau de création et d’accompagnement pédagogique et éducatif Canopé propose également sur son site un accès à des films consacrés aux matériaux composites, qui expliquent clairement aux élèves les apports de ces derniers.
L’empreinte écologique
En parallèle à cet effort d’information et de formation à l’univers des nouveaux matériaux, certains ont une approche écologique et interpellent sur les nouveaux enjeux qu’ils ne manquent pas de soulever comme le problème du recyclage ou de leur capacité de renouvellement. Comme «ces matériaux exotiques obtenus à partir de hafnium dont les réserves sont estimées à une dizaine d’années». Un groupement de recherche a ainsi été lancé au CNRS en janvier 2014, baptisé «oxyfu », peut-on lire encore dans l’article du figaro.fr.
L’ADEME propose, quant à elle, de soutenir, d’informer et d’apporter son expertise sur tout le territoire français et par le biais d’antennes régionales, autour de la problématique du développement durable. Mais elle pointe aussi les «difficultés de sensibilisation au sein du monde scolaire, l’enseignement relatif au développement durable (étant) fait de manière parcellaire» (topo de recherche, avril 2014).
Nombreux sont ceux qui travaillent à former les chercheurs de demain mais aussi les futurs usagers avertis. Les ressources existent donc bien. Le plus difficile étant sans doute de choisir la plus adaptée.
En espérant que ces quelques lignes contribueront à apporter des pistes exploitables…
Illustration : laboratoire des sciences des procédés céramiques et de traitements de surface, Limousin, osez la différence, Flickr, licence CC
Références :
Perspectives des sciences et technologies dans les prochaines décennies
- Jean-Paul Baquiast - Mediapart
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast/121013/perspectives-des-sciences-et-technologies-dans-les-prochaines-decennies
Après l'électronique, l'oxytronique ?- Marc Gabay et Jean-Marc Triscone - Pour la science.
http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-apres-l-electronique-l-oxytronique-31286.php
Les puces électroniques flirtent avec leurs limites - Marc Cherki - Le Figaro
http://www.lefigaro.fr/sciences/2014/04/20/01008-20140420ARTFIG00169-les-puces-electroniques-flirtent-avec-leurs-limites.php
La physique autrement
http://hebergement.u-psud.fr/supraconductivite/equipe.html
La main à la pâte
http://www.fondation-lamap.org/fr/page/91/presentation
Un film pour découvrir ces nouveaux matériaux avec vos élèves - Canopé
http://www.cndp.fr/crdp-amiens/article813.html
Spécial Matériaux innovants - Univers Science TV
http://www.universcience.tv/video-special-materiaux-innovants-5757.html
Le développement durable à l’école : une légitimité à conquérir - Aseme
https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/developpement-durable-ecole-8173.pdf
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